Olusegun Obasanjo

Bien qu’il ait quitté le palais présidentiel d’Aso Rock le 29 mai 2007, l’ancien chef de l’État nigérian semble avoir du mal à renoncer au pouvoir.

Publié le 17 mars 2008 Lecture : 2 minutes.

Le 22 février, Olusegun Obasanjo a renoué avec ce rôle qu’il aimait tant, quand, président en exercice de l’Union africaine (2005), il jouait le pacificateur du continent, allant d’une médiation à l’autre, drapé dans ses larges boubous. Ce jour-là, l’opposant kényan Raila Odinga, en pleine négociation avec le chef de l’État Mwai Kibaki en vue d’un partage du pouvoir, vient frapper à la porte de la ferme d’Ota, à une cinquantaine de kilomètres de Lagos. Depuis l’investiture d’Umaru Yar’Adua, le 29 mai 2007, c’est là que l’ancien président du Nigeria, 71 ans, coule sa retraite après huit années passées au palais d’Aso Rock. Le matin même, Odinga a pris l’avion depuis Nairobi, sans préciser ni la destination ni l’objet de son voyage. C’est donc en toute discrétion qu’il est venu demander à Obasanjo d’uvrer pour que Yar’Adua intervienne dans la crise kényane. Non sans glaner, au passage, quelques conseils de l’ancien numéro un nigérian d’une dizaine d’années son aîné. Obasanjo en vieux sage dont le jugement et l’entregent valent bien une traversée du continent : voilà qui n’a pas dû lui déplaire

Neuf mois après son départ à la retraite, le gentleman-farmer a bien du mal à renoncer au pouvoir. Président du « Board of Trustees » (conseil de surveillance) du People’s Democratic Party (PDP), au pouvoir, Obasanjo profite de sa fonction, honorifique, pour faire des apparitions çà et là. Comme, par exemple, à ce dîner à Asaba, dans l’État pétrolier du Delta, au cours duquel le gouverneur, membre du PDP, a tenu à saluer ses efforts passés pour pacifier la région. C’était mi-février. Trois semaines plus tôt, les habitants de l’État d’Ekiti (Sud-Ouest), où il s’était déplacé pour en rencontrer le gouvernement local, ne lui avaient pas réservé le même accueil. Des slogans pleins d’amertume l’attendaient à son arrivée : « Obasanjo n’était pas là quand nous avions besoin de lui ! », « Obasanjo, indésirable à Ekiti ! »
Critiqué ou célébré, Obasanjo mène encore une vie publique et politique. À l’occasion de la convention du PDP, le 8 mars dernier, il a tout fait, en coulisses, pour que son poulain et gouverneur de l’État d’Ebonyi, Sam Egwu, remporte la présidence du mouvement. En vain. Ses manuvres, en décembre 2006, pour que Yar’Adua rafle l’investiture du PDP à la présidentielle de 2007 avaient, elles, été plus fructueuses. Et, signe que sa propension à l’intrigue irrite ses anciens alliés : au sein du PDP, un groupe de vingt et un membres influents, le « G21 », s’est constitué pour le destituer du « Board of Trustees ».
Peu à peu, l’image de l’ex-chef de l’État se ternit. À Lagos et à Abuja, une rumeur digne des tabloïds britanniques enfle depuis le début de l’année : Obasanjo aurait couché avec l’épouse de son fils, profitant de sa situation pour lui faire miroiter des contrats pétroliers ! Certains de ses proches tombent même en disgrâce : en octobre, l’une de ses amies, Patricia Etteh, une esthéticienne devenue présidente de la Chambre basse du Parlement, a été obligée de démissionner. Les représentants soutiennent qu’elle aurait réalisé des dépenses somptuaires faramineuses Mais peut-être Obasanjo est-il maintenant au-delà de ces règlements de comptes bien terre à terre. Depuis le 7 juin, il suit des cours de théologie chrétienne à l’université d’Abeokuta, près de Lagos.

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