Mehdi Qotbi

Personnage inclassable, peintre atypique, ce gouailleur au rire généreux a tellement uvré en faveur de l’amitié franco-marocaine qu’il l’incarne presque à lui seul.

Publié le 17 mars 2008 Lecture : 2 minutes.

Enfermé dans son atelier de Casablanca, Mehdi Qotbi met la dernière touche à une fresque géante de plus de 60 m2 destinée à décorer le pavillon marocain à l’Exposition universelle de Saragosse, en Espagne, en juin prochain. Malgré sa petite silhouette, il emplit tout l’espace de son atelier. Artiste peintre, créateur de bijoux et militant de l’amitié franco-marocaine, ce gouailleur au rire généreux demeure, à 57 ans, un personnage inclassable qui se moque des identités, des genres et des frontières. De ses épreuves passées – une enfance malheureuse, lui préfère dire « difficile », dans le quartier populaire de Takaddoum, à Rabat, entre une mère indifférente et un père résigné -, il a tiré un solide caractère et un aplomb sans pareil. Sans oublier une propension à l’hyperactivité : il ne s’arrête jamais de courir et de pédaler, le vélo étant son moyen de locomotion favori, surtout s’il doit se rendre à l’Élysée.

C’est à partir de 1963, au lycée militaire de Kénitra, qu’il commence à côtoyer les fils des grandes familles marocaines. Il découvre sa future passion à la faveur d’une punition : repeindre le mur du lycée. À 17 ans, il part tenter sa chance en France. La suite est réglée comme du papier à musique. Inscription aux Beaux-Arts de Toulouse où il décroche, en 1971, son diplôme.
Bientôt se développe la touche Qotbi, notamment à travers la réécriture des lettres de l’alphabet arabe. Ses peintures, rythmées et atypiques, vont inspirer de nombreux écrivains, poètes et philosophes, dont Octavio Paz, Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire ou encore Tahar Benjelloun, avec lesquels l’artiste réalise des « rencontres écrites » que l’on peut découvrir dans son livre Le Voyage de l’écriture (2005), préfacé par son ami l’ancien Premier ministre français Dominique de Villepin. Qu’il dérange ou qu’il plaise, Qotbi suscite la curiosité. Tout le gotha politico-économique marocain et parisien fait partie de son carnet d’adresses.
En 1991, révolté par le livre Notre ami le roi, de Gilles Perrault, qu’il juge caricatural et profondément injuste, il fonde le Cercle d’amitié franco-marocaine. Et devient le meilleur « ambassadeur » du Maroc, organisant colloques, campagnes de presse et voyages de personnalités politiques françaises, dont celle, qu’il n’oublie d’ailleurs jamais de mentionner, de l’ex-président de l’UMP, Nicolas Sarkozy, en mars 2005. « Je ne suis pas ambassadeur, nuance-t-il, je suis un militant de l’amitié franco-marocaine et mon souci est de servir les intérêts du Maroc. Je suis plus que jamais confiant dans l’avenir de mon pays. Le roi s’est attaqué à de grands chantiers, notamment ceux de la solidarité avec les plus démunis et les réformes accordant aux femmes un statut égal à celui des hommes. » Mehdi Qotbi est d’ailleurs très fier du parcours de la ministre française de la Justice d’origine marocaine, Rachida Dati, qui « représente un symbole extraordinaire et un motif de fierté pour tous les Marocains ». Décoré de la Légion d’honneur en 2004 puis des insignes d’officier du Mérite et d’officier des Arts et des Lettres en 2005, Mehdi Qotbi vient d’achever son autobiographie, intitulée Mektoub.

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