L’âme de Lubumbashi
Jusqu’au 30 avril, dans la capitale katangaise, une dizaine de peintres et plasticiens de la RDC proposent une exposition haute en couleur. Et témoignent du renouveau de l’art congolais.
Dévorés par leur quotidien et les souvenirs d’une gloire taillée dans les entrailles de la terre, les habitants de Lubumbashi ont sans doute oublié que leur ville était une cité d’artistes. Et pourtant…
L’École de Lubumbashi, créée à l’époque coloniale par le peintre français Romain Desfossés, avait donné naissance à une génération talentueuse emmenée par Pili-Pili Mulongoy et Mwenze Kibwanga. Quelques décennies plus tard, deux jeunes artistes, Tshime (25 ans) et Thonton Kabeya (28 ans), sont en train de démontrer que les vicissitudes de l’Histoire n’auront jamais raison de la création.
L’exposition « Traces et mémoires » proposée par l’association Dialogues au Musée national de Lubumbashi sonne comme une renaissance après de longues années d’oubli, de sang et de larmes.
Avec ses personnages décharnés et ses silhouettes désespérées, Tshime exprime avec force la souffrance d’un peuple et d’un pays. Enfants de la rue, femmes violées, mémoires confisquées : rien ne sera épargné au visiteur. Les traumatismes sautent au visage.
« Nous sommes des enfants de la guerre », s’excuse l’artiste, qui a développé une technique de soudure à moindre coût pour sortir ce qui l’envahit. Les armatures de fer sont recouvertes de moustiquaires récupérées et de plastiques fondus pour mieux symboliser une liberté entravée et une pollution endurée par l’espèce humaine.
Thonton Kabeya puise, lui, dans son quotidien et observe la vie des enfants abandonnés pour traduire la détresse d’une génération sacrifiée. Ses portraits saisissants de vérité lancent un appel à l’aide, mais sans jamais tomber dans l’obscénité.
« J’ai su tisser une intimité avec les enfants. Il y a beaucoup de respect dans ma démarche faite de patience », résume Thonton Kabeya, tourmenté par « la fragilité de l’homme ».
D’autres artistes apportent également leur univers à cette exposition qui mériterait de voyager. Qu’il s’agisse, notamment, de Daddy Tshikakya Kshama, Timothée Maseka, Rita Mukebo, ou bien encore Viviane Kawanga une nouvelle École de Lubumbashi voit le jour.
« Traces et mémoires », jusqu’au 30 avril à la galerie d’art contemporain du Musée national de Lubumbashi.
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