Mike Brown ou la force tranquille
Critiqué lors de sa nomination parce qu’il n’est pas noir, Mike brown, le patron de Nedbank, accumule les bons résultats. Sous sa houlette, la société a gagné 2 millions de clients.
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Pour beaucoup de Sud-Africains, Nedbank reste une banque de Blancs. Cette réputation, l’entreprise l’a héritée de sa longue histoire. Fondée en 1831 par des colons néerlandais, elle a conservé le nom de Bank of Good Hope jusqu’en 1971, avant d’opter pour une contraction de « Nederlandse bank ». Des origines qui lui ont souvent valu une très mauvaise publicité dans un pays où, vingt ans après la fin de l’apartheid, les relations entre les différentes communautés sont loin d’être pacifiées.
Pour beaucoup de Sud-Africains, Nedbank reste une banque de Blancs.
En 2009, Julius Malema, alors président des jeunes du Congrès national africain (ANC), s’en était violemment pris à la banque lorsqu’elle avait retiré son soutien à l’athlète Caster Semenya, la spécialiste du 800 m. « Nous savons qui contrôle l’argent en Afrique du Sud. S’il avait été question d’une sportive avec une autre couleur de peau, elle aurait gardé son sponsor. Nedbank est déçue, car les athlètes sud-africains qui ont ramené des médailles des Jeux olympiques sont des Noirs », avait-il lancé.
Nomination controversée
Un climat tendu que la nomination de Mike Brown à la tête de l’institution, en 2010, n’a pas apaisé. Le gouvernement sud-africain a critiqué à plusieurs reprises Nedbank pour ne pas avoir nommé de directeur général noir, contrairement à ses deux grandes concurrentes Standard Bank et First National Bank (FNB).
L’établissement obtient pourtant de bons résultats, selon les évaluations du Black Economic Empowerment (BEE), le programme mis en place par le gouvernement pour favoriser la promotion des Noirs à des postes clés dans les entreprises. « Avec le BEE, nous pouvons faire grandir notre entreprise et jouer un rôle important dans la croissance économique de l’Afrique du Sud. Notre notation montre que notre rôle dans la transformation du pays est une stratégie pertinente », affirmait fièrement Mike Brown l’an dernier.
Bio express
1966
Naissance à Harare, au Zimbabwe
1987
Diplômé de l’université du Kwazulu-Natal
2004
Directeur financier de Nedbank
2010
En pleine crise financière, il est nommé directeur général de Nedbank
Artisan
Mieux que les beaux discours, ce sont les résultats de Nedbank qui font remonter sa cote dans les milieux d’affaires. Après la crise, « Nedbank a réussi à se remettre sur pied très vite et à redevenir attractive. Aujourd’hui, les perspectives sont très bonnes », estime Adrian Saville, analyste économique pour Cannon Asset Managers.
Nommé en pleine tempête financière – dont Nedbank a eu à souffrir comme toutes les grandes banques sud-africaines (Absa, Standard Bank et FNB) -, le directeur général est le principal artisan de ce redressement.
À 48 ans, ce grand calme né en Rhodésie (actuel Zimbabwe), fan de golf et cycliste amateur, a séduit les investisseurs par son approche centrée sur le client, son réalisme à l’égard d’un environnement économique compliqué et sa stratégie internationale. « Brown s’est retroussé les manches et est resté humble. Avec lui, la stratégie de Nedbank est transparente. Sa détermination et son énergie font de lui un acteur essentiel de la bonne santé de l’institution », estime Adrian Saville.
Lire aussi :
– Mike Brown, prudent stratège
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Ses principales lignes directrices : développer les banques de détail, optimiser les dépenses et rester concentré sur la volatilité des taux d’intérêt.
Résultats
L’an dernier, les résultats ont parlé pour lui : la compagnie a dépassé les prévisions, avec un profit en hausse de 16 %, à 8,64 milliards de rands (près de 600 millions d’euros). Depuis que Brown a pris les commandes, l’action de Nedbank s’est appréciée de 80 %. En guise de récompense, le patron a obtenu une augmentation salariale de 13 %, à 32,5 millions de rands annuels.
Avant d’être nommé directeur général, Brown a été directeur financier de la banque pendant six ans. Une longévité qui fait de lui une personnalité reconnue au sein de l’institution. « C’est un bon banquier. Il est solide et connaît son travail en détail, notamment la gestion des risques », expliquait Mustaq Brey, membre du conseil d’administration de l’entreprise, à l’hebdomadaire économique Financial Mail en novembre 2013.
Plus qu’une vocation, la banque est une histoire de famille pour Mike Brown. Son père et son grand-père ont travaillé chez Standard Bank. Celui qui considère que la banque « est le secteur d’activité le plus stimulant intellectuellement » est aussi réputé être un bourreau de travail.
Depuis 2009, Nedbank siphonne la clientèle d’Absa, la filiale de Barclays.
Mozambique
Transparence et dur labeur : le credo de ce père de trois enfants rassure dans un secteur devenu ultracompétitif. Depuis 2009, Nedbank siphonne la clientèle d’Absa, la filiale de Barclays.
La firme de Mike Brown est passée de 4,2 à 6,4 millions de clients, notamment grâce à des taux d’intérêt plus intéressants sur les prêts immobiliers. Pendant la même période, son concurrent en a perdu plus de 2 millions (9,2 millions aujourd’hui).
Malgré ces bons résultats, le directeur général se refuse à tout triomphalisme. « L’environnement global demeure compliqué pour les économies émergentes, et cela continue d’être difficile pour les particuliers sud-africains d’obtenir des crédits. Les taux d’intérêt vont augmenter, et les banques rester exigeantes dans leurs critères d’attribution », déclarait-il en début d’année.
Hors des bases
Au niveau continental, Nedbank semble accélérer son implantation hors de ses bases. Déjà présente au Lesotho, au Malawi, en Namibie, au Swaziland et au Zimbabwe, elle a racheté 36 % des parts de Banco Único au Mozambique en février. La banque veut aussi conquérir des territoires hors de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), notamment en Afrique de l’Est.
Pour y parvenir, elle compte sur son alliance avec la panafricaine Ecobank, déjà présente dans 34 pays du continent. L’institution sud-africaine a décidé de profiter d’un emprunt convertible accordé en 2011 pour acquérir 20 % des parts d’Ecobank d’ici à la fin de l’année.
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