Le Hamas a son mot à dire

Publié le 17 mars 2008 Lecture : 2 minutes.

Il est totalement exclu qu’Israël, si puissants que soient ses amis, fasse la guerre à la moitié du peuple palestinien et fasse la paix avec l’autre moitié. Il est vrai que jamais Israël n’a recherché une solution réaliste au problème de la paix. Il est cependant encouragé par les Américains et par les Européens à en rechercher une qui soit irréaliste.
Les efforts déployés par les Israéliens pour isoler le Hamas après sa victoire électorale de 2006, et relancés, l’été dernier, après que les islamistes se sont emparés de Gaza, ont, en pratique, créé un état de siège dont souffrent 1,5 million de Gazaouis. Cela renforce le Hamas et interdit de plus en plus à Mahmoud Abbas de négocier avec Israël. Certes, Israël ne fait que réagir aux tirs de roquettes depuis Gaza. Mais des centaines de Palestiniens ont été tués par les bombardements israéliens, et l’agence de l’ONU qui a la responsabilité de nourrir plus des trois quarts des habitants de Gaza indique que le territoire victime du blocus est « délibérément réduit à un état de misère effroyable », avec les encouragements de la communauté internationale.

Certes, ces tirs de roquettes auront obligé les responsables de la sécurité israélienne à se demander s’ils peuvent maintenant atteindre Ashkelon. Le Hamas cherche à créer un instrument de dissuasion, à l’image du Hezbollah, qui, après avoir tenu bon face à l’attaque israélienne dans le Sud-Liban en 2006, a créé un équilibre de la terreur de l’autre côté de la frontière israélienne. Ce n’est pas un objectif réaliste dans les limites étroites de Gaza et de la Cisjordanie occupée. Mais la réponse disproportionnée d’Israël n’est pas acceptable non plus. Infliger une « punition collective » à des civils est interdit par le droit international.
Les États-Unis, avec la médiation de leurs alliés arabes tels que l’Égypte ou l’Arabie saoudite, devraient chercher à obtenir un cessez-le-feu mutuel et la levée du siège de Gaza par Israël. Il faut renoncer à la politique d’isolement du Hamas. S’il doit y avoir une solution au conflit, le Hamas, comme le reconnaissent, d’après les sondages, les deux tiers des Israéliens, doit avoir son mot à dire (lire pp. 54-55). Le Hamas et le Fatah d’Abbas doivent justifier la confiance de leurs électeurs et refaire un gouvernement d’union nationale avant de nouvelles élections. C’est ce que souhaitent les Palestiniens dans les sondages. Il est évident que le Hamas devra accepter un État palestinien en Cisjordanie et à Gaza avec Jérusalem-Est comme capitale. Mais c’est seulement après la création d’un tel État qu’il devra reconnaître Israël.

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