Forte odeur de poudre… blanche

Selon un rapport de l’Office international de contrôle des stupéfiants, le trafic de cocaïne ne cesse d’augmenter dans la sous-région. La consommation aussi.

Publié le 17 mars 2008 Lecture : 2 minutes.

Sur les deux premiers mois de 2008, le volume des saisies de cocaïne sur le continent a déjà dépassé celui de l’année 2007, au cours de laquelle 6 tonnes de poudre blanche ont été interceptées, dont 99 % en Afrique de l’Ouest. Près de la moitié du trafic international (soit 600 tonnes, contre 200 à 300 en 2006) transite désormais par les côtes ouest-africaines avant de rejoindre l’Europe.
Autrefois, les cargos chargés de cocaïne en provenance des Caraïbes mettaient directement le cap sur le Vieux Continent. Désormais, ils préfèrent la route, plus courte et moins surveillée, de l’Afrique de l’Ouest et du golfe de Guinée, « en raison des avantages offerts par la région, explique Emmanuel Leclaire, responsable de la lutte contre le trafic de drogue et le crime organisé à Interpol. Entre autres : des frontières peu contrôlées, le recrutement facile de passeurs et la corruption ». En partance du Venezuela et du Brésil, la cocaïne débarque le plus souvent au Sénégal, en Guinée-Bissau, en Guinée-Conakry, au Liberia et au Ghana, avant d’être redistribuée, par centaines de kilos, vers l’Europe, soit par petits bateaux ultrarapides (go-fast) chargés depuis des cargos dans les eaux internationales, soit par avion.
Une fois sur le sol africain, la drogue reste pour sa majeure partie entre les mains des groupes criminels sud-américains, grâce à la complicité de ressortissants colombiens, vénézuéliens, mexicains et brésiliens établis en Afrique de l’Ouest, où ils ont constitué d’importants stocks. Échaudés par la pression exercée dans leurs pays, les cartels ont même installé sur le continent des laboratoires clandestins qui convertissent la base de cocaïne en poudre prête à l’emploi.
Propriétaires de la drogue jusqu’à ce qu’elle arrive en Europe, les narcotrafiquants sud-américains n’hésitent pas à employer des petits voyous et passeurs locaux (principalement nigérians et ghanéens) pour recevoir et protéger les cargaisons ainsi que pour organiser le transit à travers la sous-région et vers le Vieux Continent. Mais pas seulement. Selon les douanes européennes, un nombre croissant de « mules » ou de « porte-valises » ouest-africains empruntent des vols commerciaux. Au bout du parcours, la majeure partie de la drogue est distribuée au détail par des dealers venus de la sous-région qui, d’après Europol, dominent désormais le système de distribution de la cocaïne dans de nombreux pays d’Europe.
Autre motif d’inquiétude : la consommation de cocaïne en Afrique. Alors qu’elle tend à stagner dans le reste du monde, elle serait en nette progression sur le continent. Selon le dernier rapport de l’Office international de contrôle des stupéfiants (OICS) rendu public le 5 mars, sur 14,5 millions de cocaïnomanes dans le monde, 7,6 % sont africains (soit 1,1 million) pour la plupart concentrés en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale.

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