ECP lance son troisième fonds
Insensibles au déclin de la confiance dans les marchés émergents, les professionnels du capital-risque continuent de miser sur les entreprises africaines.
Les marchés émergents connaîtront-ils une nouvelle hausse du capital-investissement cette année en dépit de la crise financière internationale ? Deux professionnels de l’Afrique ne se laissent pas impressionner par ce débat qui divise les spécialistes des « Brics » (Brésil, Russie, Inde, Chine) entre les optimistes et ceux qui redoutent une plus grande frilosité des institutionnels pour les investissements risqués. « Je ne ressens aucun désintérêt de la part de nos partenaires traditionnels, c’est même tout le contraire qui se produit », commente Ziad Oueslati, directeur général de Tuninvest. La société vient de lancer son dixième fonds, AfricInvest II, qu’elle compte clore à 60 millions d’euros en juin, soit près du double du premier AfricInvest (34 millions d’euros).
« Nous restons persuadés que l’Afrique est le marché le plus rentable dans le monde du capital-investissement », renchérit Vincent Le Guennou, directeur exécutif d’ECP (Emerging Capital Partners). La société a été créée en 2005 à partir du fonds AIG Infrastructure Fund (du nom d’American International Group, l’un des leaders mondiaux de l’assurance), qui avait été lancé en 2000 par deux anciens dirigeants de la Banque mondiale. ECP s’est progressivement structurée et gère aujourd’hui six fonds d’investissement exclusivement tournés vers les entreprises du continent. Ils totalisent 1,2 milliard de dollars, souscrits en grande partie par les banques et agences de développement internationales.
Preuve de confiance envers le continent, cette capacité d’intervention pourrait doubler dans les prochains mois. Selon nos informations, ECP est sur le point de lancer le troisième Africa Fund. Successeur des deux premiers AIG Infrastructure Fund – dotés au total de 900 millions de dollars, ils sont désormais nommés Africa Fund 1 et 2 -, il pourrait atteindre 1 milliard de dollars à son dernier closing, vers la fin de l’année.
Pour convaincre leurs partenaires, les promoteurs d’ECP sont en mesure de leur présenter un bilan plutôt satisfaisant. Compte tenu de la durée de vie des fonds, ils se sont retirés de 18 entreprises, sur un total de 42 où ils interviennent. L’investissement d’ensemble s’est élevé à 200 millions en parts de capital qui ont été revendues 600 millions par la suite. Dans le détail, ECP affiche un retour sur investissement supérieur à 40 % dans près d’un cas sur deux (voir infographie). L’un des paris les plus mémorables est celui d’Orascom Télécom Algérie : les 45 millions de dollars placés en 2002 ont été revendus 230 millions en 2006.
Visant en priorité les télécoms (32 % de leurs investissements), les services financiers (17 %) et les secteurs minier et pétrolier (16 %), ECP ajoute régulièrement de nouvelles sociétés à fort potentiel à son portefeuille et vient d’entrer au capital de la Générale d’assurance méditerranéenne (GAM), basée à Alger, et à celui de l’opérateur du Liberia Cellcom, en phase d’expansion en Guinée et en Sierra Leone. L’activité reste toutefois exercée sur un marché très étroit : l’Afrique compte plus de 10 000 entreprises dont quelques dizaines bénéficient du savoir-faire des professionnels du capital-investissement.
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