Carton rouge pour la CAF

Publié le 17 mars 2008 Lecture : 2 minutes.

Le communiqué rendu public le 11 mars à Lausanne est sans ambiguïté : le Tribunal arbitral du sport (TAS) « réhabilite Tata Avlessi et annule sa suspension à vie. Les interdictions prononcées à son encontre sont levées avec effet immédiat ». La Confédération africaine de football (CAF) devra en outre lui verser 20 000 francs suisses (12 730 euros) pour « tous les frais engagés ». À Lomé, l’ancien président de la Fédération togolaise de football (FTF) – qui va donc être réintégré dans son poste – et ses supporteurs jubilent : justice a été rendue.
On se souvient qu’Avlessi avait été sanctionné par la CAF à la suite d’un acte présumé de corruption visant un arbitre, en mars 2007, lors d’un match Togo-Tunisie du Championnat d’Afrique des moins de 17 ans (J.A. n° 2453, 13-19 janvier 2008). Suspendu pour huit ans, le 5 juillet, par la commission de discipline, Avlessi avait interjeté appel. Le 2 septembre, la sanction avait été transformée en radiation à vie, avec « interdiction de stade et d’exercer toute activité relative au football ». En désespoir de cause, le Togolais s’était alors adressé au TAS
Celui-ci a donc convoqué les parties, ainsi que les témoins, le 18 janvier, à Lausanne. Lors de l’audience présidée par le juge malgache Raymond Ranjera, Avlessi, ses trois conseils et l’arbitre du match, le Gambien Pa Abdou Sarr, étaient présents. Mais ni le représentant de la CAF, le Camerounais Ndongo Alega Martin, président du jury d’appel, ni les témoins à charge, les Togolais Attivi Atevi Cessi et Komlan Assogbavi.
Sur la forme, le TAS a relevé de « sérieux vices de procédure » : le jury d’appel de la CAF n’a pas instruit l’affaire de manière contradictoire et n’a pas permis à Avlessi de « participer pleinement à l’administration des preuves ». Et pour cause : celui-ci n’a même pas été convoqué !
Sur le fond, il a conclu que la CAF n’avait « pas établi que Tata Avlessi se serait rendu coupable d’une tentative de corruption » et s’est étonné que le jury d’appel se soit essentiellement fondé sur les déclarations du seul Atevi Cessi. Pour le TAS, les « déclarations dignes de foi des témoins présents à l’audience rendent la culpabilité de M. Avlessi peu vraisemblable ». D’autant que d’autres éléments plaident dans le même sens. L’enjeu de ce match de jeunes n’était quand même pas planétaire et, de toute façon, son résultat a été défavorable au Togo (0-2). Surtout, on comprend mal que l’arbitre ait pu, ainsi qu’on l’en accuse, laisser sans surveillance dans sa chambre d’hôtel, pendant deux ou trois jours, l’argent qu’il est censé avoir touché pour prix de sa corruption. À l’évidence, tout cela ne tient pas debout.
Il est aujourd’hui établi que le dossier d’accusation contre Avlessi a été monté à la hâte par trois membres de la commission des arbitres de la CAF : Amadou Diakité (Mali), Néji Jouini (Tunisie) et Bester Kalombo (Malawi). Il comporte des pièces dactylographiées, mais ni datées ni signées, dont, écrit le TAS, « il est légitime de douter de la véracité ». De même, la « confession » attribuée à l’arbitre – que celui-ci affirme « n’avoir jamais vue » – est « vraisemblablement un faux ». Reste à savoir si Diakité Jouini et Kalombo ont monté l’opération à leur propre initiative, ou s’ils ont eu un commanditaire – dont on finira peut-être par découvrir l’identité.

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