Allons enfants du Cameroun

Alors que Léonora Miano est saluée par la critique, plusieurs de ses compatriotes sortent aujourd’hui des livres en France.

Publié le 17 mars 2008 Lecture : 2 minutes.

Avec trois romans publiés en à peine plus de deux ans – L’Intérieur de la nuit, Contours du jour qui vient et le tout récent Tels des astres éteints, tous édités par Plon -, Léonora Miano s’est placée parmi les nouvelles figures de la littérature francophone, cet euphémisme utilisé pour désigner les écrivains de langue française « venus d’ailleurs ».
Alors que l’uvre de cette jeune écrivaine de 35 ans originaire de Douala est couverte d’éloges par la critique (voir J.A. n° 2456), plusieurs de ses compatriotes publient eux aussi l’un de leurs livres en ce moment en France. Dans Nous, enfants de la tradition (Anne Carrière), Gaston-Paul Effa met en scène un Africain émigré en France écartelé entre deux cultures, alors qu’Eugène Ébodé raconte dans Tout sur mon maire (Demopolis) son expérience au sein de l’équipe municipale d’une ville française. Gallimard, par ailleurs, fait paraître dans la collection « Continents noirs » le troisième volume du recueil d’essais de Mongo Beti (décédé en 2001) intitulé Le Rebelle.
Ces parutions simultanées sont l’occasion de rappeler que de tous les pays francophones d’Afrique, le Cameroun est l’un de ceux qui, de longue date, « accouche » le plus de (bons) romanciers. Dans les années 1950, Ferdinand Oyono (Une vie de boy, Le Vieux Nègre et la médaille) et Mongo Beti (Ville cruelle, Le Pauvre Christ de Bomba) ont produit quelques-uns des chefs-d’uvre de la littérature anticoloniale. Après l’indépendance, grâce notamment à la création des éditions Clé, à Yaoundé, de nombreux écrivains, auteurs de textes à la veine populaire, se sont révélés : René Philombe, Francis Bebey, Rémy Medou Mvomo, Richard Manga Mado Une nouvelle génération suivit dans les années 1970-1980 : Bernard Nanga, Patrice Etoundi Mballa, Yodi Karone, Victor Bouadjio Cela sans compter la poésie et le théâtre.
Parallèlement émergeaient des plumes féminines : Thérèse Kuoh Mankoury, Werewere Liking (surtout connue comme dramaturge), Elizabeth Tchoungui et, bien sûr, Calixthe Beyala, la plus prolifique et la plus médiatique de la corporation.
Difficile d’expliquer à quoi tient un tel foisonnement, qui n’a pas forcément son pendant dans les autres genres artistiques. On relèvera quand même que la multiplicité des langues locales au Cameroun fait du français un outil de communication privilégié. Ce pays s’est aussi de tout temps distingué par son ouverture au monde. La quasi-totalité des auteurs actuels, notamment ceux cités au début de cet article auxquels il faut adjoindre d’autres écrivains comme Pabé Mongo, Patrice Nganang, Blaise N’Djehoya, Simon Njami, ou encore l’essayiste Gaston Kelman, vivent d’ailleurs hors de leur pays, en France pour la plupart. Mais c’est là une autre question

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