Susciter des vocations

Manque de temps ou d’infrastructures, la pratique d’activités physiques reste limitée. Malgré l’engouement suscité par les athlètes de haut niveau.

Publié le 18 mars 2003 Lecture : 3 minutes.

Les Tunisiens sont passionnés de sport… à la télévision. Ils ne ratent aucun grand match de football, commentent avec dextérité les prestations des équipes italiennes, qu’ils affectionnent tout particulièrement, éreintent souvent les entraîneurs qui se succèdent aux commandes de leur sélection nationale. Ils sont toujours présents, rivés devant leur poste, pour les grands rendez-vous – tournoi de tennis de Roland-Garros, jeux Olympiques, championnat du monde d’athlétisme. Les jeunes ne font pas exception à la règle, et ils sont nombreux à se rendre au stade à l’occasion des sulfureux derbys entre l’Espérance sportive de Tunis et le Club africain, les deux grandes formations de la capitale. Et pendant les jeux Méditerranéens de Tunis 2001, l’engouement de la jeunesse, qui a bénéficié de tarifs alléchants, a été à l’origine du succès populaire de la manifestation.
Les jeunes ont le goût du sport sans être des sportifs accomplis. Globalement, ils aiment pratiquer entre amis, improvisent des tournois de football, leur discipline de prédilection, dans les stades municipaux ou dans les parkings et terrains vagues de quartiers. Les plages servent aussi chaque été de terrains de jeux, pour une partie de ballon en fin d’après-midi ou pour des tournois endiablés de volley-ball ou de « beach-ball ». Mais il s’agit là d’activités occasionnelles. Les jeunes se plaignent du manque de temps pour expliquer le caractère irrégulier de leurs activités sportives. Dès qu’ils ont achevé leurs études secondaires, dans le cadre desquelles le sport est obligatoire pour les garçons et pour les filles, beaucoup d’entre eux entrent à l’université, où ils éprouvent des difficultés à poursuivre la pratique de disciplines sportives. Les horaires des clubs ne sont d’ailleurs pas toujours adaptés. Et les équipements, à l’instar des piscines, sont victimes de leur succès. Les plages horaires qui pourraient convenir à leurs entraînements tôt le matin ou tard le soir – sont souvent réservées en priorité aux associations. En matière d’infrastructures sportives, la Tunisie est le pays le mieux équipé d’Afrique, mais elle est cependant loin de disposer d’un éventail d’équipement aussi complet que la France ou l’Allemagne. Et le tissu associatif – les clubs – est atrophié. Pays de 10 millions d’habitants, la Tunisie compte entre 80 000 et 90 000 licenciés toutes disciplines confondues. Dont 25 000 footballeurs. Les jeunes forment évidemment la majorité de cet effectif, mais c’est relativement peu. Une précision de taille doit cependant être apportée : les jeunes, notamment dans les quartiers populaires, fréquentent assidûment les salles de sport, et le culturisme comme les sports de combat y sont très pratiqués, ce qui n’apparaît pas forcément dans les statistiques officielles.
La faiblesse des associations sportives autres que les clubs de foot, ainsi que leur difficulté à attirer les débutants et à retenir les jeunes à fort potentiel ont évidemment des conséquences sur le sport d’élite. Difficile de voir émerger de nouveaux champions. Certains des athlètes tunisiens les plus prometteurs au niveau international – la perchiste Cyrine Balti, la gymnaste Léonie Marzouk, le footballeur Sélim Benachour – ont été formés dans des clubs… mais à l’étranger, comme en France ou aux Pays-Bas. Heureusement, « la Tunisie de l’intérieur » continue à produire des athlètes compétitifs, à l’image du champion du monde de judo Anis Lounifi, ou du footballeur Hatem Trabelsi, qui joue maintenant à l’Ajax d’Amsterdam. Les autorités ont mis les bouchées doubles pour inverser la tendance, et, profitant de l’élan donné par les jeux Med 2001, ont rénové les filières sport-études. Après une période de relative pénurie, une nouvelle génération de champions devrait arriver sur le devant de la scène. Et susciter des vocations.

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