Polyphonie djiboutienne

Abdourahman Waberi signe un livre à cinq voix. Où humour et douleur se drapent de poésie.

Publié le 18 mars 2003 Lecture : 1 minute.

Prolifique, Abdourahman A. Waberi a déjà signé une trilogie sur Djibouti, un recueil de poésie, Les Nomades, mes frères, vont boire à la Grande Ourse, des écrits sur le Rwanda, Moisson de crânes et aussi Bouh et la vache magique, un livre destiné aux enfants. Transit, son dernier opus, est un roman polyphonique. Cinq personnages bavards, qui éprouvent l’impérieux besoin de prendre la parole, ont tour à tour voix au chapitre. Tous ont la mémoire et le coeur lourds de souvenirs, alors ils parlent à perdre haleine. Comme pour se délester.
C’est un jeune soldat djiboutien, qui s’est rebaptisé Bachir Benladen, qui ouvre le roman et nous conte, dans un truculent sabir, sa vie et ses années de mobilisation. La guerre, elle lui a fait perdre toute sa famille, mais il ne peut s’empêcher de l’évoquer comme s’il s’agissait d’un match de football : « La première mi-temps de la guerre a duré longtemps longtemps. Chacun est resté dans sa surface, les attaques étaient rares. La bataille était match nul, sans vrai arbitre juste. Pace que arbitre c’est encore France dans cette affaire-là. »
Parallèlement, Transit met en scène le destin d’une famille franco-djiboutienne. Elle se compose d’Alice, la mère, rencontrée par le père Harbi, pendant ses études en Bretagne, leur enfant Abdo-Julien et le grand-père Awaleh. Ils manient une langue plus lyrique et moins gouailleuse que celle de Benladen, que l’on a presque honte de préférer. Mais qu’importe puisque tous ces protagonistes ont été inventés pour évoquer avec humour et poésie des thèmes chers et (forcément) douloureux : les déboires dans lesquels s’engluent la terre natale, et l’exil qu’ils imposent.

Transit, Abdourahman A. Waberi, Gallimard, Continents noirs, 13,5 euros.

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