Élections au Bénin : les partis pro-Talon confirment leur suprématie

Les deux principaux partis de la majorité présidentielle ont remporté à eux deux plus de 77% des suffrages, selon les résultats provisoires. Malgré le contexte de pandémie et les appels au boycott, le taux de participation a été de 49,14%, selon la CENA.

Le président béninois Patrice Talon dans son bureau de vote de Cotonou, lors des élections municipales du dimanche 17 mai 2020. © DR / Présidence Bénin.

Le président béninois Patrice Talon dans son bureau de vote de Cotonou, lors des élections municipales du dimanche 17 mai 2020. © DR / Présidence Bénin.

Fiacre Vidjingninou

Publié le 21 mai 2020 Lecture : 3 minutes.

C’était l’un des enjeux du scrutin : le niveau de participation. Selon les résultats provisoires rendus publics dans la nuit par la Commission électorale nationale autonome (CENA), quelque 2,5 des 5,1 millions d’électeurs appelés aux urnes dimanche pour les élections communales et municipales ont fait le déplacement. Un taux de participation de 49,14% bien au-dessus des 27% du scrutin contesté des dernières législatives, il y a un an. Il est cependant en retrait par rapport à celui des élections communales de 2015 (plus de 57%).

Autre enseignement de ces résultats – qui doivent encore être validés par la Cour suprême -, les deux principaux partis de la mouvance présidentielle se taillent la part du lion. L’Union progressiste (UP) et le Bloc républicain (BR) ont recueilli respectivement 39,97% et 37,38% des suffrages exprimés.

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Seul parti se revendiquant de l’opposition à avoir présenté des candidats, les Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE), tirent leur épingle du jeu, avec 14,98% des voix, en cumul national.

Le Parti du renouveau démocratique (PRD, d’Adrien Houngbedji), et l’Union démocratique pour un Bénin nouveau (UDBN), ne seront pour leur part pas parvenu à dépasser la barre fatidique des 10% de suffrages exprimés au niveau national, et se voient donc exclus de la répartition des sièges dans les conseils municipaux. Le PRD a obtenu 5,49% des suffrages, et l’UDBN un petit 2,17%.

La polémique des 10%

Cette disposition, qui prévoit que « seules les listes ayant recueilli au moins 10% des suffrages valablement exprimés au plan national sont éligibles à l’attribution des sièges », est toujours âprement discutée au Bénin.

Dans un arrêt rendu le 18 février dernier, la Cour suprême, saisie par l’ l’Association nationale des communes du Bénin (ANCB), a invité la CENA à s’inscrire dans « l’esprit de la loi », réclamant que « dans le processus d’attribution de sièges aux listes éligibles, la CENA tient compte de la totalité des suffrages exprimés au niveau de la circonscription électorale considérée ».

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En choisissant d’interpréter le texte à la lettre, la CENA a provoqué la colère des militants du PRD, dont les candidats ne pourront pas siéger dans les conseils de Porto-Novo et de Sèmè-Podji, bien que le parti soit en tête des suffrages dans ces communes.

Nouveaux équilibres

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Sur les 77 communes, les partis de la mouvance sont assurés d’en tenir 70. L’UP est majoritaire dans 40 mairies. Sans surprise, l’Union progressiste s’est emparée de Cotonou, où Luc Atropko était en tête de liste, et s’est imposée à Abomey-Calavi et, surtout, à Porto-Novo, suite à l’éjection du PRD. L’UP a également la majorité des sièges à Tchaourou, ville natale de l’ancien président Thomas Boni Yayi. En tout, l’UP compte dans son escarcelle 40 mairies. Le Bloc républicain est pour sa part en tête dans 30 mairies, dont Djougou, fief du ministre d’Etat Abdoulaye Bio Tchané, Bohicon, la ville phare du centre ainsi que Sèmè-Podji, fief historique du PRD.

Malgré la crise interne qui secoue la parti depuis plusieurs mois, les FCBE n’ont pas connu la Bérézina prédite : s’il ne s’en sort qu’avec sept mairies, largement en deçà de la cinquantaine gagnée en 2015, le parti s’est illustré en arrachant 17 des 33 sièges à Parakou, la grande métropole du nord, malgré la présence de poids lourds de la politique locale : le maire sortant Charles Toko, le député Rachidi Gbadamassi et le ministre en charge de l’eau, Samou Adambi. Les FCBE se sont également imposées dans la commune de Bantè, dont est originaire l’ancien ministre Komi Koutché, et celle de Savè, acquise à l’ancien président Boni Yayi.

Prochaine étape, la validation – ou non – de ces résultats par la Cour suprême. Ensuite, dans les deux semaines qui viennent, l’installation des 1815 conseillers élus – 820 sièges pour l’UP ; 735 pour le BR et 260 pour les FCBE – qui éliront ensuite les maires, leurs adjoints et chefs d’arrondissement.

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