Le New York Times choisit son camp

Exception dans la presse américaine, le grand quotidien est hostile à une intervention militaire sans l’aval de l’ONU.

Publié le 18 mars 2003 Lecture : 2 minutes.

Cette fois, la prise de position est claire et nette : dans un éditorial publié le dimanche 9 mars, le New York Times dit non à la guerre.
« Dans les jours à venir, écrit le quotidien, le président George W. Bush décidera s’il envoie des troupes américaines en Irak malgré l’opposition de l’ONU. Nous pensons qu’il existe une meilleure solution. À savoir : des inspections prolongées et renforcées du désarmement irakien. Mais comme tout le monde en Amérique, nous sentons bien que la fenêtre se referme. Si l’on en vient à la question de savoir s’il faut dire oui ou non à une invasion sans un large soutien international, notre réponse est non. […]
« En envoyant des centaines d’inspecteurs supplémentaires, poursuit le New York Times, en utilisant la menace de la force pour leur garantir la liberté d’agir et en maintenant ouverte la possibilité d’attaquer l’Irak s’il tente de se soustraire à un programme d’inspections contraignantes, les États-Unis pourraient atteindre une grande partie de leurs objectifs de départ. Aujourd’hui, Saddam accepterait probablement une telle intrusion de l’ONU. Si Bush avait géré l’affrontement avec l’Irak de manière plus mesurée, il serait aujourd’hui en position de rallier les Nations unies à un programme d’inspection plus large, plus exigeant, de crier victoire et de rapatrier la plus grande partie de ses troupes. […]
« Si les États-Unis ignorent le Conseil de sécurité et attaquent seuls, la première victime sera l’ONU elle-même. Le scénario rappelle la formule utilisée du temps du Vietnam. On disait alors que, pour sauver un village, l’Amérique était obligée de le détruire. […]
« À long terme, l’Amérique a pourtant besoin d’une organisation internationale forte pour maintenir la paix et désamorcer les tensions dans une douzaine de points chauds à travers le monde. Elle a besoin du soutien de ses alliés, en particulier d’États sous tension comme le Pakistan, pour mener la guerre contre le terrorisme. Elle doit démontrer par l’exemple qu’il existe des règles que chacun doit respecter, dont l’une des plus importantes est qu’on n’envahit pas un autre pays sans les raisons les plus sérieuses et les plus motivées.
« Quand l’objectif est fumeux, ou fondé sur des présupposés contestables, il est grand temps de s’arrêter et de se mettre en quête de moyens différents, moins extrêmes, pour atteindre ses objectifs. »
Vieux d’un siècle et demi, le New York Times est, avec le Washington Post et le Wall Street Journal, l’un des trois quotidiens américains les plus influents aux États-Unis et à l’étranger. Le WSJ a toujours été favorable à la guerre, mais il est permis de regretter que le Washington Post, qui fut, du temps de Ben Bradlee, vers 1970, à la pointe du combat pour la transparence dans le scandale du Watergate, se soit joint, ce même dimanche 9 mars, au concert belliciste et anti-ONU. Jusqu’au début de cette année, il était, avec le NYT, le copropriétaire de l’International Herald Tribune.

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