Kadhafi s’en lave les mains
Même s’il a déclaré, le 10 mars, être favorable à une « solution pacifique de la crise irakienne », Mouammar Kadhafi conseille au président Bush « d’être sage et de ne pas aller trop loin ». Dans une interview au quotidien français Le Figaro (11 mars), le Guide libyen nuance son propos en estimant qu’il n’y a « aucune justification raisonnable » à déclencher la guerre. Mais Kadhafi n’en pense pas moins : le renversement de Saddam ne lui déplairait pas. L’animosité entre les deux leaders remonte, en effet, à plusieurs années.
Arrivés au pouvoir la même année, en 1969, Saddam en janvier et Kadhafi en septembre, les deux hommes se sont brouillés en 1979, quand Kadhafi affiche son soutien à la révolution iranienne. Saddam l’accuse alors de « collusion avec le sionisme et de complot contre la Nation arabe ». Le 26 juin 1985, le ministre libyen des Affaires étrangères, Ali Abdesselem Triki, aujourd’hui ministre chargé des Affaires africaines, déclarait : « Le régime baasiste irakien a perdu toute légitimité et ne représente plus le peuple irakien. »
Ce n’est qu’après le bombardement américain de Tripoli et de Benghazi (le 15 avril 1986) que Kadhafi amorce un rapprochement avec Saddam. Le 10 septembre 1987, les deux pays signent un accord affirmant « leur volonté de se dresser fermement contre toute tentative étrangère visant à porter atteinte au territoire, à la sécurité ou aux intérêts de n’importe quel pays arabe ». Un accord dont plus personne ne se souvient, surtout pas les Libyens, qui, depuis quatre ans, multiplient les gestes de bonne volonté à l’endroit des États-Unis, livrant les auteurs de l’attentat contre l’avion de la PanAm au-dessus du village écossais de Lockerbie, en décembre 1988 (270 morts, dont 189 Américains), promettant de dédommager grassement les familles des victimes, condamnant le terrorisme, Ben Laden et consorts… Kadhafi n’en finit décidément plus de renier son passé panarabe.
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