Désespérément optimiste

Publié le 18 mars 2003 Lecture : 3 minutes.

«Ce pays a fait beaucoup de progrès depuis un an et demi. » Difficile de penser que le pays en question est la République démocratique du Congo (RDC). Mais celui qui s’exprime ainsi est un optimiste invétéré. Par tempérament et à cause de ses fonctions. « On ne peut pas se laisser aller au découragement au poste qui est le mien », dit-il. Amos Namanga Ngongi, représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en RD Congo, est aussi le responsable de la Mission de l’Organisation des Nations unies (Monuc) chargée d’aider au rétablissement de la paix dans ce pays secoué par une longue guerre civile. De passage dans la capitale française, Ngongi a eu l’occasion de faire le point, dans les murs de J.A.I., sur la situation politique et humanitaire qui prévaut en RDC alors qu’approche le moment de l’application de l’Accord global de Pretoria signé le 17 décembre 2002.
C’est en août 2001, au coeur du conflit, que Kofi Annan fait de ce Camerounais, né à Buea en 1945, son représentant spécial en RDC. Prenant ses fonctions le mois suivant, Ngongi quitte la capitale italienne où il a servi de longues années durant, d’abord comme premier secrétaire de l’ambassade du Cameroun, puis au poste de conseiller chargé des relations avec les agences onusiennes basées à Rome, avant de rejoindre l’une d’entre elles, le Programme alimentaire mondial (PAM) en 1984. Il y gravit les échelons jusqu’à assumer la fonction de directeur exécutif adjoint. C’est en effet dans le domaine agricole qu’ont porté les recherches de Namanga Ngongi à l’université Cornell aux États-Unis à la fin des années soixante-dix. Il devait ensuite retourner chez lui et rejoindre le ministère de l’Agriculture.
Mais depuis bientôt deux ans, c’est la RDC qui reste au centre de ses préoccupations. D’autant que le treizième rapport du secrétaire général sur la Monuc, publié le 21 février dernier, indique que « malgré la signature de l’Accord global, les activités militaires se sont poursuivies dans presque toutes les régions » et que « toutes les parties ont continué à commettre de graves violations des droits de l’homme, en toute impunité ». Sans oublier la situation inquiétante dans la région de l’Ituri, où l’armée ougandaise a repris la ville de Bunia le 6 mars, après des combats violents avec l’Union des patriotes congolais (UPC), une énième faction rebelle, proche du Rwanda et non impliquée dans les pourparlers de paix. C’est précisément ce jour-là que s’achevait à Pretoria le dernier round de négociations pour la mise en oeuvre prochaine des résolutions de décembre 2002.
Et le chef de la Monuc de reconnaître la marge de manoeuvre réduite de ses observateurs non armés qui ne peuvent se rendre dans les zones contrôlées par les différentes factions qu’avec l’accord et la garantie de sécurité de ces dernières. Namanga Ngongi n’en reste pas moins optimiste. Parce que, explique-t-il, le dialogue politique inter-congolais est en bonne voie. Après onze jours de discussions, les représentants du gouvernement de Kinshasa, du Mouvement de libération du Congo (MLC), du Rassemblement congolais pour la démocratie-Goma (RCD-Goma), du Rassemblement congolais pour la démocratie-Kisangani/Mouvement de libération (RCD-K/ML) ainsi que ceux des milices Maï-Maï, de l’opposition non armée et de la société civile ont signé deux documents essentiels pour la suite du processus de paix.
Tout espoir n’est donc pas perdu. Le secrétaire général de l’ONU encourage toutes les parties à convenir rapidement d’une date pour la session plénière du dialogue intercongolais qui mettra en place les institutions de la transition, y compris le gouvernement d’union nationale.
Le chef de la Monuc espère, lui, que son équipe, renforcée en effectifs et en matériels, pourra travailler dans de meilleures conditions, une fois que la cohabitation entre les chefs rebelles et le président Joseph Kabila aura été installée à Kinshasa. Il aura besoin de toutes ses ressources. Kofi Annan a en effet proposé au Conseil de sécurité de confier à son représentant spécial la coordination de toute l’action de l’ONU en RD Congo pendant les deux ans de la période de transition.

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