Cameroun : Fru Ndi et Bakassi
Publié le 18 mars 2003 Lecture : 1 minute.
Kansteiner s’est rendu le 19 février à Yaoundé, puis à… Paris quelques jours plus tard pour y rencontrer Paul Biya. Suivi comme son ombre par Valerie Amos, Dominique de Villepin, lui, a été l’hôte du palais d’Etoudi le 10 mars. Comme à Luanda, le téléphone a beaucoup fonctionné : Bush, Powell et Tony Blair ont appelé Biya fin février et début mars, ainsi que, côté « camp de la paix », Jacques Chirac et Gerhard Schröder. A priori, l’état des lieux est au Cameroun l’inverse de ce qu’il est en Angola. Forts de leur position « historique » de premier partenaire commercial (devant l’Allemagne) et militaire, les Français sont ici en terrain acquis et ce sont les Américano-Britanniques qui doivent faire l’effort. Paul Biya, qui entretient d’excellentes relations avec son « ami Jacques », est en outre persuadé de la nécessité de laisser aux inspecteurs onusiens le temps de désarmer l’Irak. Ainsi a-t-il passé l’essentiel de l’audience qu’il a accordée à Valerie Amos à tenter de la convaincre des dangers de la guerre. Ici plus qu’ailleurs donc, les Américains ont dû user d’arguments binaires du genre « qui n’est pas avec nous est contre nous ». Relations délicates de Yaoundé avec le FMI, soutien au Social Democratic Front de John Fru Ndi, l’opposant numéro un, appui aux doléances des Camerounais anglophones, relance éventuelle des revendications nigérianes à propos de l’affaire (pourtant jugée à La Haye) de Bakassi… Les leviers ne manquent pas, il est vrai, que Walter Kansteiner ne s’est pas privé d’actionner. Valerie Amos, elle, a joué sur deux registres : celui du Commonwealth, dont le Cameroun est membre au même titre que de la Francophonie, et celui de l’Europe. Ce dernier point est particulièrement sensible, Jacques Chirac ayant fait savoir à ses pairs africains qu’au cas où le FMI, sous influence américaine, se livrerait sur eux à des représailles il se faisait fort d’obtenir de l’Union européenne qu’elle prenne en quelque sorte le relais à leurs côtés.
