Autres temps, autres pratiques

Publié le 18 mars 2003 Lecture : 2 minutes.

La Tunisie a connu, au cours des quarante dernières années, des transformations rapides. La généralisation de l’enseignement, l’émancipation des femmes et leur accès à (presque) tous les secteurs d’activité, l’urbanisation galopante et l’ouverture sur la modernité occidentale par le biais de l’éducation, des flux migratoires, des contacts avec les touristes étrangers et des moyens de communication de masse, ont eu un impact important sur les dynamiques sociales. Conséquences :
– pour diverses raisons (allongement de la période des études, attente du premier emploi, coût élevé de la noce, etc.), l’âge du premier mariage est passé, chez les hommes, de 26 ans en 1956 à 33 ans en 2000, et, chez les femmes, de 19 ans à 29 ans (32 ans pour celles ayant fait des études universitaires) ;
en 2001, 48,4 % des hommes et 44,4 % des femmes ayant plus de 15 ans étaient célibataires ;
– le taux de fécondité est tombé de 3,3 enfants par femme en 1992 à 2,1 en 2000 (et même à 1,6 pour celles ayant fait des études supérieures) ;
– sur la même période, et pour les mêmes raisons, le taux d’accroissement démographique a baissé de 2 % à 1,1 %. C’est l’un des taux les plus faibles d’Afrique et du monde arabe.
Ces changements ont eu des effets sur le vécu des jeunes, leur vision du monde et leurs comportements, notamment sexuels. Pour les préparer à y faire face, les pouvoirs publics ont introduit, au début des années quatre-vingt-dix, des cours d’éducation sexuelle (appelés cours de santé procréative) dès le cycle secondaire. Aujourd’hui, les deux tiers des lycéens et des étudiants affirment être bien informés sur le sujet. Les filles comme les garçons ont leur première expérience sexuelle à 16 ans ou 17 ans. Selon une enquête réalisée par l’Office national de la famille et de la population (ONFP), 67 % des jeunes garçons et 55 % des jeunes filles affirment que la sexualité occupe une place importante dans leur vie. Mais seuls 20 % des garçons et 21 % des filles avouent avoir recours aux préservatifs, de manière irrégulière qui plus est. Ajoutée au prolongement du célibat, la mixité à l’université, dans les lieux de travail et dans la vie publique a généré de nouveaux comportements sociaux : les relations hors mariage sont fréquentes, et le concubinage fait son chemin. Bien qu’illégal et passible de poursuites judiciaires, il est relativement toléré. Ainsi, il n’est pas rare de voir deux jeunes fonctionnaires de sexe opposé partager un appartement sans être officiellement mariés. Progrès ? Peut-être pas seulement. Nécessité économique ? Sans doute.

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