Au nom de l’ordre public !

Les manifestations étant interdites dans la capitale, les « pacifistes », nettement moins nombreux qu’en 1991, n’ont pu faire entendre leur voix.

Publié le 18 mars 2003 Lecture : 2 minutes.

En 1991, Alger avait manifesté d’une manière spectaculaire son opposition à la guerre du Golfe. Au faîte de sa gloire, le Front islamique du salut (FIS, dissous en 1992) avait alors organisé meeting sur meeting, rassemblant des dizaines de milliers de manifestants. Il avait, en outre, demandé officiellement à l’armée l’ouverture de camps d’entraînement pour les militants islamistes désireux d’aller « combattre aux côtés de la Garde républicaine » de Saddam. Douze ans plus tard, la solidarité avec le peuple irakien se fait plus discrète. Alignement de la diplomatie algérienne sur les thèses de Washington ? Pas sûr. Dans l’entourage du président Bouteflika, on affirme qu’il n’en est rien : « Le renforcement de notre coopération avec les États-Unis ne signifie pas le reniement de nos principes et de notre appartenance à la Nation arabe. Il n’y a qu’à relire le discours prononcé par le président lors du sommet arabe de Charm el-Cheikh. »
Argument rejeté par un animateur de l’Association algérienne de solidarité avec le peuple irakien : « Ce ne sont pas des discours qu’attendent les Irakiens de notre part, mais des actes. » Il est vrai que, contrairement à Casablanca et au Caire, Alger n’a connu aucune déferlante humaine criant son opposition à l’expédition militaire que s’apprête à lancer l’administration Bush. Une décision du ministère de l’Intérieur, datée de juin 2001, interdit en effet toute manifestation dans la capitale. Décision prise au lendemain d’une marche de protestation organisée par les arch, comités de villages encadrant le mouvement de contestation kabyle, et par le Front des forces socialistes (FFS de Hocine Aït Ahmed), et qui s’était terminée dans un bain de sang.
Pince-sans-rire, Mahfoud Nahnah, chef du Mouvement de la société pour la paix (MSP, ex-Hamas), ironise sur le mutisme de l’administration, qui n’a pas donné suite à sa demande d’autorisation pour une marche prévue le 13 mars : « Je ne vois pas de problème à organiser une telle manifestation dans la capitale. Il y a dix jours, sur le même itinéraire, une imposante marche a eu lieu sans que cela ait provoqué un drame. » Allusion à l’accueil réservé par les Algérois au président français Jacques Chirac. Petite précision : le MSP fait partie de la coalition gouvernementale, et les ministres islamistes n’avaient, à l’époque, nullement protesté contre l’interdiction de manifester à Alger.
Une première tentative de marche de soutien à l’Irak a eu lieu le 26 février. Les forces de l’ordre ont rudement dispersé les manifestants. À leur tête, les députés islamistes et… trotskistes. Outre le MSP, le Parti des travailleurs de Louisa Hanoune a opté pour le front des antiguerre. Un front où l’on retrouve les baasistes et quelques nostalgiques du FLN parti unique. À Alger, la cause arabe n’est décidément plus à la mode.

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