Angola : pétrole US et prêt français

Publié le 18 mars 2003 Lecture : 2 minutes.

Kansteiner s’est rendu le 20 février à Luanda, Villepin le 10 mars, et Valerie Amos, en professionnelle de la filature, le lendemain 11 mars. George Bush et Colin Powell ont à plusieurs reprises téléphoné au président Dos Santos, tout comme Jacques Chirac et… Vladimir Poutine. Le grand jeu, donc, cartes sur table. Fort de sa position ultradominante dans le domaine du pétrole (46 % du brut angolais va aux États-Unis, contre à peine 10 % en France), l’Américain a joué une partition originale, les promesses sont autant de menaces déguisées. Washington pourrait ainsi grandement contribuer à la reprise des relations entre Luanda et les institutions de Bretton Woods et aider par voie de conséquence à ce que le FMI passe l’éponge sur son rapport dévastateur d’octobre 2002 dénonçant l’évaporation suspecte de 1 milliard de dollars de recettes pétrolières angolaises. Mais Washington pourrait tout aussi bien faire l’inverse. Le Français a-t-il usé du même registre ? Dans une certaine mesure, oui. Selon de bonnes sources, la procédure judiciaire de l’Angolagate a ainsi été évoquée lors du tête-à-tête que le lieutenant de Jacques Chirac a eu avec le président Dos Santos, lequel ne décolère pas de voir ses mandataires Arcadi Gaydamak et Pierre Falcone toujours poursuivis en France pour trafic d’armes avec son pays. Par ailleurs, Paris pourrait donner un coup de pouce au prêt-relais de 1 milliard de dollars gagé sur le pétrole, que le ministre angolais des Finances est en train de négocier avec un consortium de banques européennes au sein duquel BNP-Paribas joue le rôle de chef de file. Enfin, Dominique de Villepin a mis en avant des arguments moraux : la France se veut dans cette crise le porte-parole de l’autre politique, celle des sans-voix et elle bénéficie en cela de la caution d’un grand Africain, le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan himself.
Dans ce jeu de rôles, la Britannique Valerie Amos – qui n’a pas été reçue par Dos Santos – a eu une place mineure, en appui évidemment de son collègue américain. Les Angolais, qui tiennent à leur autonomie de décision, ont par ailleurs pesé leur décision en fonction de la position de l’Afrique du Sud, une sourde rivalité d’influence les opposant on le sait à ce dernier pays pour le « contrôle » de l’Afrique centrale. Or, Thabo Mbeki et Nelson Mandela sont parmi les plus en pointe dans le combat antiguerre (lire encadré). Pour Dominique de Villepin, l’étape de Luanda était donc – presque – perdue d’avance.

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