Une voix à part

Publié le 18 février 2003 Lecture : 2 minutes.

La France, « grande puissance » au
sens classique du terme ? L’ancien Premier ministre gaulliste, Michel Debré, avait coutume de dire : « Oui, la France est au deuxième rang, mais un deuxième rang, c’est encore un rang. »
La France ne peut plus agir seule, et elle le sait ; elle n’a pas la vocation de l’unilatéralisme, non plus que les
moyens. Mais sa réflexion a toujours été tentée par l’universel, et son action internationale s’y emploie.
La voix de la France se fait fort bien entendre, qu’elle agace ou qu’elle intéresse : en refusant de suivre aveuglément la voie tracée par d’autres – particulièrement par « un » autre -, en essayant de concevoir des propositions originales qui s’éloignent des formules toutes faites ou des solutions de force, en tentant de faire partager ses conceptions par ses partenaires, au sein de plusieurs cercles privilégiés :
La culture fait, pour la France, partie intégrante de sa personnalité, et elle est l’un des rares pays à pratiquer systématiquement et depuis longtemps une diplomatie culturelle : ses oeuvres classiques et modernes, ses metteurs en scène et ses artistes, ses peintres et ses sculpteurs, ses architectes et ses designers, ses musées et ses institutions culturelles, ses écrivains et ses poètes, ses professeurs et ses intellectuels, ses universités et ses écoles, ses chercheurs, ses ingénieurs, ses stylistes de mode et ses festivals – et même ses journalistes -, contribuent à une indéniable influence française dans le monde.
Depuis quelques années, la France défend l’idée d’exception culturelle. Il ne s’agit pas là d’une notion arrogante, qui signifierait que la France s’estime supérieure. Cela veut dire tout simplement que les biens de l’esprit ne sont pas des marchandises comme les autres, que les règles du commerce ne peuvent pas leur être appliquées, qu’ils doivent donc faire l’objet d’un traitement exceptionnel. Les États-Unis, au contraire, forts de leur écrasante supériorité en termes d’argent et d’image, de satellites de télévision, d’édition musicale, de production cinématographique, de technologies de la communication, souhaitent que les règles de la libéralisation intégrale s’appliquent aux films, aux livres et à la musique comme aux produits agricoles et industriels ; pour eux, le contenu intellectuel doit s’effacer devant l’instrument matériel.
La défense de l’exception culturelle se double de la défense de la diversité culturelle et de la volonté de promouvoir le dialogue des cultures. Comme l’a dit Jacques Chirac le 2 février aux Rencontres internationales des organisations professionnelles de la culture, « il y a des frontières que la mondialisation n’a pas le droit d’abolir. Ce sont celles qui nous permettent de passer d’une culture à une autre et nous apprennent que l’universalité de l’homme s’incarne dans le particulier. » Au McDonald’s imposé à tous, on peut préférer le charme des cuisines locales et des saveurs particulières. Repas à la carte plutôt que plat unique, mets amoureusement mijotés plutôt que restauration industrielle, s’il fallait comparer, voilà comment pourrait s’illustrer la spécificité de la diplomatie française…

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