Des propos d’outre-tombe de Mouammar Kadhafi ciblent l’Arabie saoudite

La révélation d’extraits de conversation entre Mouammar Kadhafi et des responsables du Golfe où l’ex-guide libyen appelle à trouver un remplaçant à la famille Al Saoud à la tête de l’Arabie saoudite alimente les dissensions dans la région.

L’ancien maître de Tripoli, Mouammar Kadhafi. © Ben Curtis/AP/SIPA

L’ancien maître de Tripoli, Mouammar Kadhafi. © Ben Curtis/AP/SIPA

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Publié le 26 mai 2020 Lecture : 4 minutes.

Alors que la crise du Golfe entamera en juin sa quatrième année, une conversation entre Mouammar Kadhafi et le ministre des Affaires étrangères de Oman Youssef Ben Alawi datée entre 2005 et 2007 a fuité récemment, et a été largement relayée sur les réseaux sociaux saoudiens et ceux de l’opposition omanaise. Si les autorités omanaises contestent l’authenticité de l’enregistrement, son écoute laisse peu de doutes aux spécialistes. Diffusé par plusieurs médias arabes, dont la chaîne d’informations Al Arabiya, l’extrait débute par les remerciements de Mouammar Kadhafi pour un « khanjar », poignard traditionnel omanais, offert par le ministre. Le guide libyen demande ensuite au ministre de transmettre ses salutations au sultan Qabous – décédé en janvier 2020. Après ces amabilités protocolaires, la conversation prend très vite un tour géopolitique.

Dans l’extrait de plus de 16 minutes, l’ancien chef de l’État libyen évoque notamment la situation dans la péninsule arabique et son hostilité à la famille régnante d’Arabie saoudite, les Al Saoud. Rapportant des conversations qu’il aurait tenues avec des membres du Congrès, Kadhafi évoque une rupture entre les États-Unis et Riyad. Il affirme ainsi que ses interlocuteurs américains jugent périmée (« expired » selon le mot rapporté par l’ex-guide) la famille des Saoud, à qui il faudrait trouver un remplaçant à la tête du royaume. Selon Kadhafi, ces mêmes Américains seraient inquiets du danger que représente aujourd’hui la famille régnante saoudienne pour leur sécurité et celle de la région. « C’est une question sur laquelle nous devons être d’accord », déclare-t-il au ministre omanais. « Je leur ai dit (aux Américains) : « Que l’armée américaine entre en Arabie saoudite comme en Irak, nous sommes contre. (…) Mais si vous encouragez l’indépendance des peuples de la péninsule arabique, comme vous l’avez fait pour les peuples de l’URSS, de la Yougoslavie ou de la Tchécoslovaquie, cela nous le soutenons ». » Avant d’évoquer une indépendance pacifique du Hejaz – la province saoudienne où se trouvent La Mecque et Médine – et sa sortie du « wahhabisme », ainsi que l’indépendance d’autres provinces saoudiennes.

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