Coronavirus : l’Afrique du Sud négocie un mégachèque du FMI
Pretoria peut obtenir jusqu’à 4 milliards de dollars, un record face à cette crise. Et ce sans « programme d’ajustement structurel ». Explications.
Le gouvernement sud-africain, par la voix du ministre des Finances, Tito Mboweni, avait exclu dès la mi-avril tout recours à un financement « conditionnel » du Fonds monétaire international (FMI), tout en laissant ouverte la possibilité d’un accès aux « facilités » de crédit proposées en réponse au Covid-19.
Durant des échanges avec la presse, fin mai, Gerry Rice, le directeur de la communication du FMI, a confirmé que des négociations avaient démarré depuis plusieurs semaines avec les équipes du président Cyril Ramaphosa.
Une décision attendue du conseil d’administration du FMI
« L’Afrique du Sud a demandé fin avril un financement d’urgence du FMI dans le cadre de l’instrument de financement rapide (IFR). Nous sommes en discussion avec les autorités sud-africaines, et nous présenterons cette demande à notre direction et à notre conseil d’administration », a souligné le cadre de l’institution de Bretton Woods. « La limite d’accès est de 100 % de la quote-part pour tous les pays. Donc, dans le cas de l’Afrique du Sud, cela représenterait environ 4,2 milliards de dollars américains (3,8 milliards d’euros) », a-t-il expliqué, avant d’ajouter, toutefois que « ce montant est soumis à la discussion et à la décision de notre conseil d’administration ».
La date de présentation du dossier n’a pas été communiqué et la demande de l’Afrique du Sud ne figure pas au calendrier du board – régulièrement mis à jour – jusqu’au 1er juin prochain. Il faut toutefois noter que le temps de traitement des demandes de financements d’urgence des pays face au Covid-19 a été généralement assez court, de quelques semaines.
La première économie industrialisée du continent devrait subir une récession de -5,8 % de son PIB en 2020, avec une croissance largement atone ces dernières années (0,15 % en 2019 et 0,8 % en 2018), selon les équipes du FMI.
Aucune conditionnalité traditionnelle du FMI attachée à ce financement
Le crédit sollicité par l’Afrique du Sud sera, comme avait insisté Pretoria, sans l’application de l’apanage ordinaire de réformes exigé par le FMI dans le cadre général de ses financement.
« Ces facilités permettent au Fonds de fournir une aide d’urgence sans qu’il soit nécessaire de mettre en place un programme à part entière », a rappelé Gery Rice. « Ce financement d’urgence peut être déboursé très rapidement, déployé là où il est le plus nécessaire, ce qui signifie, en termes très pratiques, aider les pays à faire des choses comme payer les médecins et les infirmières, et protéger les personnes les plus vulnérables, et sauvegarder les moyens de subsistance vulnérables. Il n’y a donc aucune conditionnalité traditionnelle du FMI attachée à ce financement d’urgence », a-t-il martelé.
Si Pretoria obtient le montant maximum auquel a droit l’Afrique du Sud, ce financement sera le plus important accordé depuis le lancement par le FMI, au premier trimestre, de ce programme de crédit d’urgence. Depuis l’approbation de crédits pour le Rwanda (109 millions de dollars) et le Togo (97 millions) début avril, le FMI a approuvé au total 9,7 milliards de dollars en faveur des pays d’Afrique subsaharienne pour faire face aux conséquences du Covid-19. Le Nigeria avec 3,4 milliards de dollars est de loin le plus important bénéficiaire subsaharien, devant le Ghana (1 milliard), la Côte d’Ivoire (près de 900 millions) et le Kenya (739 millions). Au nord du continent, l’Égypte (2,8 milliards) et la Tunisie (745 millions) sont en tête.
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