[Chronique] Rentrée scolaire au Sénégal : Macky Sall marche sur des œufs

Programmé le 2 juin prochain, le retour de certains élèves dans les salles de classe sénégalaises inspire de l’appréhension. Au fil des semaines, des observateurs dénoncent même une gestion incohérente de la crise sanitaire.

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Publié le 26 mai 2020 Lecture : 2 minutes.

C’est dit et écrit depuis le dernier conseil des ministres sénégalais : « La reprise des enseignements et apprentissages pour les classes d’examen est fixée au 2 juin 2020 ». Et l’État d’appeler à une « mobilisation nationale » prudemment parachevée par une série de « convocations » d’enseignants à des gares, dans le cadre d’un dispositif de redéploiement coordonné sur l’ensemble du territoire. « Mauvais timing », grognent certains parents inquiets, au moment même où le pays de la Teranga vient de franchir la barre des 3 000 cas positifs officiels au coronavirus pour 35 décès.

Si le gouvernement ne peut lire dans le marc de café le franchissement des seuils morbides, des éditorialistes et autres signataires de tribunes croient lire de l’incohérence dans la stratégie présidentielle. Macky Sall peut-il adjurer les Sénégalais à « l’observance des mesures de prévention » – comme il l’a fait ce dimanche – et inviter les élèves et les enseignants à prendre le risque d’un viol de la distanciation sociale ?

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« Oui », répondent les tenants du régime qui dégainent une autre citation de leur guide, celle qui évoquait, quelques jours plus tôt, la nécessité d’« apprendre à vivre avec le coronavirus » en respectant les mesures d’hygiène sanitaires préventives préconisées, notamment – donc – dans les écoles. « Non », rétorquent ceux qui craignent que les élèves ne deviennent les cobayes d’un nouveau coup de poker politique.

Ivresse du pouvoir

Macky Sall a-t-il le cuir assez tanné pour assumer l’assouplissement de certaines mesures anti-Covid tout en exhortant à la plus grande prudence ? Il en est ainsi de toute carrière politicienne, en particulier en période de crise : il faut slalomer entre le jargon des « sachants » et le populisme des « affirmants », trancher entre déconfinement économique et état d’urgence, arbitrer entre les aveuglements des thuriféraires et les outrances des critiques, esquisser un positionnement entre l’hydroxychloroquine d’un sénégalophile professeur marseillais et sa condamnation par une étude de « The Lancet », autoriser le culte collectif d’un Aïd tout en priant, à titre personnel, dans sa résidence de Mermoz.

À quel moment le volontarisme censément visionnaire a-t-il raison de se plier aux aléas de l’environnement sanitaire ou lobbyiste, pour ne pas rompre comme le chêne de la fable ? À quel moment la succession d’ajustements jugés incongrus trahit-elle justement le manque de vision ? Dans le flot des assertions les moins documentées de cette ère complotiste, deux affirmations peuvent être tentées.

Primo, l’opportunité de telle ou telle mesure ne pourra être clairement jugée qu’à l’issue avérée de la pandémie. Secundo, s’il ne semble y avoir que des coups à prendre au poste de commande politique, l’ivresse du pouvoir semble assez goûteuse pour que les Macky Sall de tous les régimes chahutés tiennent tant à renouveler leurs mandats.

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