Chirac : héros et kamikaze

Le duel Paris-Washington vu du Proche-Orient.

Publié le 18 février 2003 Lecture : 2 minutes.

L’opinion publique arabe suit avec intérêt le bras de fer entre Paris et Washington à propos de l’Irak. Elle sait que le duel Bush-Chirac tournera, tôt ou tard, en faveur de l’Américain, mais cela ne l’empêche pas de soutenir le Français, qui est perçu comme un « héros arabe ». Et pour cause : contrairement aux dirigeants arabes, qui ne pensent qu’à se maintenir au pouvoir et à préserver leurs intérêts propres et ceux de leurs clans, le chef de l’État français a exprimé tout haut ce que ces derniers pensent tout bas.
À l’unisson de leur opinion publique, les commentateurs de la presse arabe, toutes tendances confondues, continuent de louer le courage de Jacques Chirac, qui n’a pas hésité à s’opposer à la politique hégémonique américaine au Proche-Orient, alors que les dirigeants de la région, qui ont le plus à craindre du déclenchement de la guerre en Irak, brillent par leur impuissance face à Washington et leur soumission à ses diktats. Ces commentateurs, qui comparent le président français actuel au général de Gaulle, soulignent le point commun liant les deux hommes : leur souci de préserver l’indépendance de la diplomatie de leur pays. « La position française n’a pas été inspirée par des considérations morales. Elle a été dictée par les intérêts même de la France. Pourquoi nos dirigeants ne feraient-ils pas de même, puisque la guerre contre l’Irak est contraire à leurs intérêts ? » écrit, à ce propos, Abdelbari Atouane, rédacteur en chef d’Al-Quds al-Arabi.
Sur un registre moins sérieux, un commentateur a proposé la candidature de Chirac à la présidence de la Ligue arabe. Un autre l’a comparé à un… « kamikaze ».
Seule voix discordante : celle du chroniqueur irakien Ahmed al-Rebî, qui a écrit dans le quotidien prosaoudien Asharq al-Awsat : « Nous devons nous garder d’exagérer la portée de la position française à propos de la crise irakienne. Affirmer que cette position annonce l’émergence d’une puissance européenne face aux États-Unis, c’est prendre ses désirs pour des réalités. Car l’Europe elle-même est aujourd’hui très divisée sur cette question. »

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