Chefs d’État à La Mecque

Cette année encore, de nombreux dirigeants musulmans, notamment africains, ont répondu à l’appel d’Allah.

Publié le 18 février 2003 Lecture : 3 minutes.

Le pèlerinage à La Mecque a coïncidé, cette année, avec les préparatifs militaires américano- britanniques pour envahir l’Irak. Cela n’a pas empêché près de 2,2 millions de pèlerins, venus de tout le monde musulman, de se retrouver dans la Ville sainte. Pour empêcher toute manifestation contre une éventuelle guerre en Irak, les autorités saoudiennes ont mobilisé près de 20 000 policiers autour de La Mecque, mais aussi à Djeddah, port d’arrivée et de départ de la majorité des fidèles, et à Médine, seconde Ville sainte.
Les pèlerins, qui ont été priés par leurs hôtes de ne pas mélanger religion et politique, se sont contentés de prier pour que la guerre d’Irak soit évitée. La plupart d’entre eux étaient néanmoins persuadés que les Américains allaient attendre la fin du hadj pour commencer leurs bombardements. Certains n’ont pas manqué de stigmatiser, aux micros des reporters de télévision, l’« hégémonie que les Américains cherchent à imposer au monde musulman ».
Le 11 février, à Mina, ville distante de cinq kilomètres de La Mecque, alors que le rituel touchait à sa fin et que les autorités commençaient à se féliciter de n’avoir déploré aucun incident majeur, une bousculade consécutive à un mouvement de panique a fait 14 morts (dont 6 femmes) et de nombreux blessés. L’incident a été minimisé par les médias du royaume qui en ont déjà vu d’autres, et bien plus dramatiques.
Le pèlerinage, on le sait, a souvent été synonyme de catastrophes. Ainsi, en 1987, plus de 400 Iraniens, qui manifestaient contre les États-Unis, ont péri dans des affrontements avec les forces de l’ordre. En 1990, 1 426 pèlerins de diverses nationalités ont trouvé la mort à la suite d’un mouvement de panique. En 1997, 340 autres ont péri dans un incendie et, l’année précédente, 35 sont décédés dans une bousculade.
Cette année, plusieurs dirigeants musulmans ont répondu à l’appel d’Allah, à commencer par l’émir du Koweït Cheikh Jaber al-Ahmad al-Sabah, dont le pays héberge le gros des troupes américaines devant envahir l’Irak (près de 60 000 soldats y sont déjà stationnés), le président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali, qui était accompagné de son épouse, ses homologues sénégalais Abdoulaye Wade, yéménite Ali Abdallah Saleh, et soudanais Omar el-Béchir, ainsi que le vice-président syrien Abdelhalim Khaddam.
Arrivés le 8 février, chacun à la tête d’une forte délégation, ils ont pu accomplir leurs dévotions dans les meilleures conditions et dans un temps relativement court, les autorités saoudiennes ayant mis à leur disposition un imposant dispositif de sécurité. Tous se sont rendus également, comme le veut la tradition, au mausolée du Prophète Mohammed, à Médine. Et même si leur présence au royaume n’avait aucun caractère officiel ou politique, ils ont tous reçu la visite du prince héritier Abdallah, vice-président du Conseil des ministres et président de la Garde nationale, du prince Sultan, deuxième vice-président du Conseil des ministres et ministre de la Défense et de l’Aviation, du prince Naïef, ministre de l’Intérieur, du prince Nawef, chef des Renseignements généraux, et de nombreux autres membres de la famille royale. La diplomatie et le hadj, on le sait, ne sont pas incompatibles.
À la mosquée de Médine, Nabih Berri, président de l’Assemblée nationale du Liban, est venu saluer le président sénégalais, qui s’y trouvait en compagnie de trois de ses ministres : Landing Savané, ministre d’État, ministre de l’Industrie et de l’Artisanat, Awa Guèye Kébé (Famille et Solidarité nationale) et Madické Niang (Habitat).

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