Pour Kenya Airways, la loi de nationalisation est plus urgente que jamais
Après plusieurs étapes, dont un vote au Parlement, la nationalisation de la compagnie kényane, en perte de vitesse depuis 2014, se précise.
Une étape juridique de plus et enfin une date. David Pkosing, le président de la commission parlementaire des Transports, vient d’annoncer que son équipe allait pousser le projet de loi sur la nationalisation de Kenya Airways à travers toutes les étapes législatives d’ici août. Sur les rails depuis 2018, l’opération devient de plus en plus urgente alors que les dettes de la compagnie se creusent et que le contexte de crise liée à la pandémie de Covid-19 plombe les perspectives du secteur. Un retour dans le giron de l’État, après sa privatisation il y a 23 ans.
Ainsi, la loi sur la gestion de l’aviation nationale 2020 doit permettre la mise en œuvre du rachat par l’État des 51,1 % de parts de Kenya Airways qu’il ne possède pas encore. Mais aussi, la fusion avec l’autorité aéroportuaire du Kenya (KAA) dans le cadre d’une société holding d’aviation. Cette union doit permettre, en faisant coordonner les objectifs des deux entités, de soutenir Kenya Airways face aux 25 opérateurs qui atterrissent dans le pays.
Le rapport sur les deux opérations, adopté par l’assemblée en juillet 2019, nécessite le soutien juridique d’une loi, que le gouvernement vient d’approuver. Les discussions au Parlement sont prévues pour démarrer la semaine du 1er juin.
Des finances très fragiles
En parallèle, la compagnie a dévoilé le 26 mai ses résultats financiers de 2019, et, malgré une hausse de son chiffre d’affaires à 128 milliards de KES (1,09 milliards d’euros), elle enregistre une perte de 12,9 milliards de shillings kényans (KES) (109 millions d’euros), pour la septième année consécutive. L’écart se creuse même de -70 % par rapport à l’année précédente.
Avant la crise du Covid-19, les perspectives pour la principale compagnie aérienne kényane semblaient déjà incertaines. En cause : l’augmentation des coûts de fonctionnement de 12,4 % en 2019. Une année qui a vu s’ouvrir plusieurs lignes, vers Genève, Rome ou Malindi. Pourtant, la ligne Nairobi-New York, ouverte en 2018, avait bien fonctionné et affichait un taux de remplissage en cabine de 75 %. « En Afrique, il n’y a globalement pas assez de trafic et il y a beaucoup de concurrence », analysait alors pour Jeune Afrique Sebastian Mikosz, le directeur générale de Kenya Airways en novembre dernier.
Mais depuis le 25 mars, plus aucun avion de passagers ne décolle au Kenya, Covid-19 oblige. La baisse du trafic pour 2020 pourrait atteindre les 65 % d’après Allan Kilavuka, le nouveau directeur de Kenya Airways. La compagnie a demandé 7 milliards de KES (59 millions d’euros) à l’État pour faire face à la crise mais le Trésor n’a toujours pas tranché, préférant un plan de sauvetage sur le long terme.
Nairobi avait déjà versé 5 milliards de KES en début d’année sur demande de la compagnie pour soutenir son activité et 4 autres milliards étaient prévus pour juillet.
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