Total la joue local

Après le Sénégal, le Maroc. En ouvrant le capital de ses filiales, le groupe français Total poursuit sa stratégie d’ancrage. Mais pas seulement.

Total compte 3500 stations essence en Afrique (ici à Brazzaville, au Congo). © JBesnault/JA

Total compte 3500 stations essence en Afrique (ici à Brazzaville, au Congo). © JBesnault/JA

Publié le 26 mai 2014 Lecture : 2 minutes.

Alors qu’il s’apprête à introduire 30% de sa filiale sénégalaise, spécialisée dans la distribution de produits pétroliers, à la Bourse régionale des valeurs mobilières d’Abidjan (BRVM), Total vient d’entamer l’ouverture du capital de Total Maroc. Il en a déjà cédé 30% au groupe saoudien Zahid et compte en proposer bientôt 15% supplémentaires sur la Bourse de Casablanca. Mais pas question de perdre le contrôle : dans les deux cas, le français restera aux commandes.

Si ce mouvement semble dessiner une nouvelle tendance, ces filiales ne sont cependant pas les premières chez Total à accueillir des actionnaires locaux. Les entités ivoirienne, ghanéenne, kényane et nigériane sont déjà cotées sur les Bourses de leurs pays respectifs. Et sur 58 filiales en Afrique, une vingtaine sont partiellement détenues par des actionnaires locaux, souvent par les États, et ce pour des raisons historiques. Total n’est d’ailleurs pas le seul, des sociétés comme BP en Zambie (devenu Puma Energy), Engen au Botswana, ExxonMobil au Nigeria ou Shell à Maurice (maintenant Vivo Energy) ont des filiales aval cotées.

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Quelles sont les motivations de Total ? « Ce n’est pas une question d’argent, mais d’ancrage local, assure Momar Nguer, directeur marketing et services pour l’Afrique et le Moyen-Orient. Lorsque des investisseurs locaux s’intéressent à une société comme la nôtre, il est normal d’accompagner le mouvement. »

Lorsqu’on insiste, le dirigeant reconnaît que, « dans une logique de croissance externe, avoir des partenaires permet de considérer des actifs auxquels il n’aurait pas été possible de songer autrement ». Avant de préciser que, « concernant le programme d’ouverture du capital des filiales, l’essentiel a sans doute été fait, ce qui ne veut pas dire que rien ne bougera à la marge ».

Parmi les majors pétrolières présentes sur le continent, Total est la seule à avoir maintenu et accentué son activité située en aval. Dans ce domaine, le français est d’ailleurs – et de loin – le numéro un sur le continent. Et son objectif, annoncé en 2011, est clair : y doubler ses ventes et son résultat d’ici à 2017.

Expansion

Il faudra bien financer cette expansion – le groupe a déjà racheté les filiales aval de Chevron et de Shell en Égypte en 2013. « Le fond du problème, ce sont les finances, affirme Stanislas Drochon, directeur pour l’Afrique chez IHS. L’aval pétrolier, même s’il est rentable, dégage des marges généralement faibles. Et demander de l’argent au siège pour des acquisitions dans ce domaine n’est pas évident, car la priorité est donnée à l’amont, beaucoup plus rentable, mais requérant également d’énormes capitaux. » D’après l’analyste, Total pourrait « décapitaliser d’autres filiales. L’Afrique du Sud, Maurice, la Tunisie ou la Zambie paraissent de bons candidats ».

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