Un « American Doctor » au chevet du shekel

Publié le 17 janvier 2005 Lecture : 2 minutes.

Divine surprise à la Bourse de Tel-Aviv : avant même que Stanley Fischer soit intronisé officiellement à la tête de la Banque centrale d’Israël, la seule annonce de sa nomination-surprise, le 9 janvier, a déjà fait grimper de 2 % en deux jours les principaux indices. Le shekel s’est redressé de 0,3 % face au dollar et l’agence de notation Standard & Poor’s a relevé son appréciation sur les perspectives de l’économie israélienne de « négatif » à « stable ».
L’homme providentiel, qui est allé jusqu’à voler la une de la presse israélienne à la victoire électorale de Mahmoud Abbas, n’est certes pas n’importe qui : docteur en économie du prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT), directeur général adjoint du Fonds monétaire international de 1994 à 2001 – il s’y est illustré lors de la grave crise financière qui avait affecté, en 1997-1998, la Thaïlande, la Corée et la Russie -, l’actuel vice-président de Citigroup, deuxième groupe bancaire à l’échelle mondiale, a su gagner une réputation de premier plan sur les places financières et auprès des gouvernements du monde entier.
Qu’est-ce qui aura poussé ce jeune sexagénaire – Stanley Fischer est né en 1943 en Zambie, quittée très tôt pour les États-Unis – à renoncer à des revenus consistants (plus de 600 000 euros par an, sans compter les stock- options), à tourner le dos à une carrière que l’Amérique avait déjà couronnée et à changer de nationalité pour se satisfaire d’un maigre salaire (l’équivalent de 5 600 euros mensuels) à la tête de la Banque d’un État qui n’en finit pas de frôler la banqueroute ?
D’autant qu’à Tel-Aviv l’arrivée de ce nouveau citoyen israélien – Fischer a fait jouer à son profit la « loi du retour » réservée aux juifs – ne fait certes pas plaisir à tout le monde : les hauts fonctionnaires du ministère des Finances qui briguaient son poste ont beau jeu de faire valoir sa piètre connaissance de l’hébreu, son inexpérience des réalités politiques et sociales locales ou encore, comme l’ancien ministre de l’Intérieur Abraham Poraz, qu’il ne se soit pas « sali les mains dans l’armée », ce qui fait de sa nomination « une insulte au sionisme ». Quant à la très puissante Histadrout, la centrale syndicale, elle doute de la fibre sociale de ce banquier « thatchérien ».
Autant d’objections balayées par le soulagement qu’apporte à Israël la « solution Fischer », avec pour première vertu celle d’offrir une issue à la crise provoquée au gouvernement par la rivalité entre Sharon et son ministre des Finances Benyamin Netanyahou, incapables de s’accorder sur une candidature commune à la Banque centrale autre que la sienne. En outre, cet « étranger » ne met pas les pieds dans un pays qui lui serait tout à fait inconnu, puisqu’il a fait partie de l’équipe américaine qui avait aidé Israël, dans les années 1980, à lutter contre l’hyperinflation. Sans oublier son passage, en 1968, comme employé volontaire à la… blanchisserie d’un kibboutz !

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