IFC présente son arme de sécurité alimentaire massive
Laura Mecagni, directrice du Programme pour l’agriculture et la sécurité alimentaire mondiale (GAFSP) à la Société financière internationale (IFC), était de passage à Paris. Elle détaille pour « Jeune Afrique » les principaux éléments de l’une des dernières innovations de l’institution pour lutter contre la pauvreté et la faim à travers le soutien aux petits agriculteurs.
Né en 2010 dans le sillage de la flambée des prix des matières premières agricoles, le Programme pour l’agriculture et la sécurité alimentaire globale (GAFSP), géré à la fois par la Banque mondiale pour sa partie publique et par la Société financière internationale (IFC) pour sa partie privée, rassemble des bailleurs inquiets que la sécurité alimentaire et les investissements dans l’agriculture ne soient en péril. Le programme table sur le fait que l’amélioration de la performance agricole dans les pays à faible revenu est le moyen le plus efficace de réduire la pauvreté et la faim. Selon un communiqué de IFC, « la croissance générée par l’agriculture a été de deux à quatre fois plus efficace pour réduire la pauvreté que la croissance provenant d’autres secteurs ».
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Le GAFSP finance à la fois le secteur public – en assistant les programmes régionaux ou nationaux – et le secteur privé sous la forme de prêts à long et à court terme, de garanties de crédit et de participations en fonds propres. La plateforme a déjà reçu 1,2 milliard de dollars (dont 979,2 millions pour le secteur public et 238,3 millions pour le secteur privé). GAFSP prévoit d’atteindre plus de 13 millions de bénéficiaires. En Afrique, le Burkina Faso, le Burundi, l’Éthiopie, la Gambie, le Liberia, le Malawi, le Mali, le Niger, le Rwanda, le Sénégal, la Sierra Leone, la Tanzanie, le Togo, l’Ouganda et la Zambie ont bénéficié du soutien de GAFSP.
De passage à Paris, Laura Mecagni, directrice du GAFSP monde chez IFC pour les questions d’agriculture et de sécurité alimentaire, a accepté de répondre aux questions de Jeune Afrique.
Jeune Afrique : quel genre de projets soutenez-vous ?
Laura Mecagni : Sur les 11 projets que nous avons sélectionné, la moitié sont des intermédiaires, banques ou institutions de microfinance. Les six autres sont des investissements en direct. En Éthiopie, nous avons investi dans une société qui s’appelle Africa Juice, en Ouganda avec un producteur de lait en poudre, Pearl Dairy. En Afrique de l’Ouest – Sénégal, Côte d’Ivoire et Mali – nous avons un projet qui consiste à aider le financement d’entrepôts pour les agriculteurs qui peuvent ainsi stocker leur production pour la revendre au meilleur prix.
Comment cela fonctionne-t-il concrètement ?
C’est IFC qui sélectionne les projets et décide comment les financer. Depuis l’origine du programme, nous cherchons à financer exclusivement des projets qui ont un impact sur les plus petites entreprises, sur les petits exploitants et sur les PME agricoles. Nous les ciblons pour aider les projets qui ont un véritable impact. Nous avons évalué que ces projets nous permettent d’atteindre 730 000 agriculteurs.
Pour chaque dollar que nous investissons, nous mobilisons huit dollars d’investissements supplémentaires.
Comment gérez-vous les risques traditionnellement associés à ce type d’investissements ?
Nous avons mis en place ce type de financements pour réduire la part de risque inhérente à tout investissement dans ce genre de projets. Nos financements associent les ressources de IFC, obtenues à des conditions commerciales, avec celles de GAFSP, obtenues à des conditions concessionnelles. Nous appelons cela les « financements mixtes ». Cela permet de placer l’argent sur des projets que les financements privés ne pourraient même pas considérer.
C’est la première fois que nous testons ce concept de financement mixte dans l’agro-business. Et pour chaque dollar que nous investissons, nous mobilisons huit dollars d’investissements supplémentaires, non seulement de la part de IFC, mais aussi d’autres bailleurs privés.
Qui soutient l’initiative privée ?
La partie privée du GAFSP est soutenue par cinq bailleurs, le Canada, le Japon, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et les États-Unis. Nous travaillons aussi avec des agences de développement nationales comme le FMO. Mais si nous n’avions pas cette source de financement à des conditions concessionnelles, nous ne pourrions pas prendre ce risque. Cela complète vraiment l’effort que nous faisons à travers nos activités commerciales.
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Propos recueillis par Nicolas Teisserenc
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