Le Tunisien Khaled Babbou au cœur d’un scandale autour de la présidence du rugby mondial
Sèchement battu dans la course à la présidence de World Rugby, l’Argentin Agustin Pichot met en question la probité du représentant du continent, le Tunisien Khaled Babbou.
L’Argentin Agustin Pichot n’en veut pas à la terre entière mais bien à l’Afrique. Et plus particulièrement au Tunisien Khaled Babbou, président à 54 ans de la confédération africaine et à ce titre membre du collège qui a réélu l’Anglais Bill Beaumont à la tête du rugby mondial pour quatre années supplémentaires. Rentré dans son pays après avoir démissionné de toutes ses fonctions officielles dans le monde du rugby, celui qui a été le vice-président de World Rugby de 2016 à 2020 a profité d’une invitation de la télévision argentine le 21 mai pour régler ses comptes.
Chevalier blanc
L’ancien capitaine des Pumas, la sélection nationale, a nommément accusé Khaled Babbou de l’avoir « trahi » durant les tout derniers jours du vote électronique organisé entre le 26 et le 30 avril, n’hésitant pas à parler de « faveurs faites à la limite de toute éthique ». Lui qui se voyait comme le chevalier blanc du rugby moderne contre le conservatisme britannique se donne le beau rôle, et conclut sa charge par un : « J’espère qu’il n’y a pas eu de corruption », lourd de sous-entendus.
Les propos de l’Argentin Agustin Pichot ont ulcéré le microcosme du rugby africain
Ces propos ont évidemment ulcéré le microcosme du rugby africain qui, sans vouloir alimenter la polémique, se demande néanmoins pourquoi le continent est le seul à être ainsi pointé du doigt, alors que le Japon ou les Samoa semblent également avoir tourné casaque durant les 24 dernières heures du scrutin. « Il est évidemment plus facile de taper sur le plus faible que sur les nations poids lourds de notre sport », souligne un membre du comité exécutif de Rugby Afrique qui regrette « ce manque de respect évident envers tout le continent ».
Khaled Babbou, lui, préfère botter en touche, rappelant qu’il n’a pas voté à titre personnel mais pour l’instance qu’il représente au sein du « board » de World Rugby. Or, selon un de ses onze membres, le comité exécutif de Rugby Afrique a décidé en avril, par sept voix contre quatre, d’apporter son soutien à Bill Beaumont et à celui appelé à devenir son vice-président, Bernard Laporte. La présence du représentant français sur la liste du président sortant est loin d’être anodine, la Fédération française de rugby (FFR) étant le parrain traditionnel de l’Afrique sur la scène internationale quinziste.
Le mandat confié à Khaled Babbou semble donc clair. Même si l’intéressé avoue lui-même avoir été un temps sensible aux arguments réformateurs d’Agustin Pichot, notamment en matière de gouvernance et de représentativité des petites nations à Dublin, siège de World Rugby. Avant que, selon lui, la pandémie ne vienne changer les règles du jeu. « L’heure n’était alors plus au changement », estime le Tunisien, qui rappelle enfin que « les deux voix africaines n’auraient de toute façon pas suffi à inverser les résultats du scrutin », remporté par Bill Beaumont avec 28 votes contre 23.
« Mauvais perdant »
Beaucoup de bruit pour pas grand-chose alors ? Surtout que la situation financière et professionnelle de Khaled Babbou, issu du secteur de l’assurance et ancien président de la Chambre de commerce américaine(AmCham) en Tunisie, semble devoir le mettre à l’abri des soupçons de malversations portés à son encontre par un Agustin Pichot plus que jamais perçu comme « un mauvais perdant », sur le continent. L’essentiel est ailleurs pour l’Afrique du rugby.
Khaled Babbou compte bien faire entendre la voix de l’Afrique et des autres confédérations
Khaled Babbou ne fait peut-être pas toujours l’unanimité, mais après avoir été élu président de Rugby Afrique en mars 2019, il est le premier représentant du continent (hors Afrique du Sud) à siéger au sein du Comité exécutif de World Rugby. Une opportunité qu’il compte bien saisir pour « faire entendre la voix de l’Afrique et des autres confédérations », dans le conflit feutré que se livrent les nations du Nord (Grande-Bretagne, Irlande, France) et du Sud (Australie, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud, Argentine) pour régir le rugby mondial et dont la rivalité Beaumont-Pichot n’est que la dernière illustration en date.
« C’est là que je serai jugé », sait déjà Khaled Babbou. Certainement plus en effet que sur les propos « remplis d’amertume » d’un Agustin Pichot qui moquait sa « disparition » depuis la veille du scrutin dans les médias argentins. « Il n’a qu’à m’appeler. Il connaît mon numéro », lui répond le patron du rugby africain. L’ancien demi-de-mêlée du Stade Français n’a pour l’instant pas su saisir la balle au bond.
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