D’Abuja à Abidjan, les soutiens d’Adesina montent au créneau

Si le recours à une enquête indépendante sur la gestion du président de la BAD a paru acté, ses appuis africains s’activent et la confusion règne.

Akinwumi Adesina, le président de la BAD, lors de la cérémonie d’ouverture du Africa Ceo Forum, à Abidjan, en mars 2016. Akinwumi Ayodeji Adesina President de la BAD Ceremonie d’ouverture du Africa Ceo Forum, Abidjan, Cote d’Ivoire, mars 2016
© ERIC LARRAYADIEU/AFRICA CEO FORUM POUR JA

Akinwumi Adesina, le président de la BAD, lors de la cérémonie d’ouverture du Africa Ceo Forum, à Abidjan, en mars 2016. Akinwumi Ayodeji Adesina President de la BAD Ceremonie d’ouverture du Africa Ceo Forum, Abidjan, Cote d’Ivoire, mars 2016 © ERIC LARRAYADIEU/AFRICA CEO FORUM POUR JA

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Publié le 29 mai 2020 Lecture : 3 minutes.

Akinwumi Adesina, patron de la Banque africaine de développement depuis 2015, est candidat à sa réélection en 2020. © AFDB/Flickr
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Finance – Six mois qui ont ébranlé la BAD

Mis en cause par des salariés, Akinwumi Adesina, le patron de la Banque africaine de développement, traverse la plus grave crise de sa carrière.

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En l’espace de 48 heures, la bataille d’influence autour du sort d’Akinwumi Adesina a pris un tour autrement plus intense et visible qu’à aucun moment depuis le début, en janvier, de la controverse sur sa gouvernance.

Alors que la décision de recourir à une enquête indépendante sur les allégations des lanceurs d’alerte concernant la gouvernance du président de la Banque africaine de développement semblait actée, depuis plusieurs capitales africaines, les réactions n’ont pas manqué.

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Aucun appel à la démission

Dans un document à en-tête du ministère ivoirien du Plan et du développement, daté du 27 mai et transmis le lendemain par les équipes de la BAD, Kaba Nialé, en sa qualité de présidente du bureau du Conseil des gouverneurs de l’institution, a démenti fermement toute demande de démission adressée au dirigeant nigérian, contredisant ainsi des allégations ayant circulé notamment dans la presse nigériane.

Je suis convaincu que des processus équitables prouveront que je n’ai pas enfreint le code d’éthique

La présidente du bureau du conseil des gouverneurs, qui supervise le travaux du comité d’éthique, a certes reconnu qu’une réunion de cette instance a bel et bien eu lieu le 26 mai pour « examiner l’affaire découlant d’une plainte des lanceurs d’alertes » et « à propos de laquelle j’ai reçu des lettres de certains actionnaires exprimant des points de vue différents » . Elle a cependant affirmé « qu’aucune décision n’a été prise », sans plus de précision au sujet de l’éventualité ou non d’une enquête indépendante.

Une affirmation surprenante au vu des informations relayées ces derniers jours depuis le sein même de l’institution panafricaine et, surtout, au vu du communiqué envoyé le 27 mai par Akinwumi Adesina se disant « convaincu que des processus équitables, transparents et justes […] prouveront en fin de compte que je n’ai pas enfreint le code d’éthique » de la BAD.

Appels contre une nouvelle enquête

La « clarification » de Kaba Nialé intervient alors que les soutiens d’Akinwumi Adesina se mobilisent et contestent tout rétropédalage par rapport aux conclusions du Comité d’éthique de la BAD, qui avaient jugé non fondées les allégations des lanceurs d’alerte contre l’ex-ministre nigérian de l’Agriculture.

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Dès avant la réunion du 26 mai, et quelques jours après que le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin avait appelé à une enquête indépendante, César Mba Abogo, le ministre équato-guinéen des Finances, avait contesté d’emblée cette option, insistant formellement pour l’application des recommandations initiales de Kaba Nialé.

En effet, début mai, à la réception des conclusions du comité d’éthique, la dirigeante ivoirienne avait proposé « d’adopter les conclusions de l’enquête en déclarant que le président est entièrement exonéré de toutes les allégations formulées à son encontre » . Pour César Mba Abogo, la poursuite de cette controverse « non seulement sape et affecte la crédibilité du Dr Adesina, mais contribue également à l’érosion de la crédibilité de la banque, en particulier la force de ses institutions internes » .

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Candidat unique à sa réélection

Dans la même veine, Olusegun Obasanjo, l’ancien président du Nigeria et un des soutiens de longue date d’Akinwumi Adesina, s’est élevé le 26 mai contre l’appel américain à une enquête indépendante.

« Ceci est en dehors des règles, lois, procédures et systèmes de gouvernance de la banque.[…] C’est sans précédent. Si nous ne nous levons pas pour défendre la BAD, cela pourrait signifier sa fin car sa gouvernance aura été arrachée à l’Afrique », a martelé l’ancien président nigérian.

L’administration actuelle de la république fédérale n’a pas été en reste. Dans un courrier officiel envoyé le 28 mai à Kaba Nialé, la ministre nigériane des Finances, Zainab Ahmed, s’est elle aussi opposée à toute nouvelle enquête indépendante.

Adesina a mis en place des programmes efficaces et a obtenu des résultats impressionnants

« La présidente du Conseil des gouverneurs a suivi les règles de la Banque et jugé, à bon escient, qu’elle était d’accord avec le rapport et les conclusions du comité d’éthique qui a rejeté toutes les allégations contre le président [Adesina] ».

La ministre nigériane a fortement plaidé pour la réélection du patron de la BAD, lors du scrutin prévu du 25-27 août prochain. « Dr. Adesina est le seul candidat à cette élection. Il a mis en place des programmes efficaces et a obtenu des résultats impressionnants », a-t-elle insisté, rappelant d’ailleurs qu’autant l’Union africaine que la Cedeao soutiennent la candidature du leader nigérian.

Parmi les résultats cités par Zainab Ahmed : l’augmentation historique du capital de la BAD, le 31 octobre, et le lancement d’un fonds de 3 milliards de dollars consacé à la lutte contre le Covid-19.

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