Pax africana ?

Publié le 17 janvier 2005 Lecture : 2 minutes.

Réuni à Libreville le 10 janvier (voir pages 37-39), le sommet des chefs d’État du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) a longuement abordé les troubles à l’est de la RDC, où des combats opposent l’armée régulière congolaise à des soldats mutins soutenus, selon le gouvernement congolais, par le Rwanda. Ce que nient les autorités de Kigali, qui accusent Kinshasa de ne rien faire pour désarmer les groupes responsables du génocide de 1994, qu’ils soient ex-FAR (Forces armées rwandaises) ou miliciens Interahamwes, et qui représentent toujours, selon elles, une menace pour le Rwanda. Pour pacifier la région, le CPS a décidé d’une assistance à la RDC pour le désarmement de ces soldats. La communauté internationale sera sollicitée, notamment sur le plan logistique.
Toutefois, le Conseil s’est bien gardé de prendre position sur la situation prévalant actuellement au Nord- et au Sud-Kivu. Faisant allusion aux soupçons de présence militaire rwandaise dans la zone, le CPS s’est borné à réaffirmer « l’obligation de tous les États membres de se conformer aux principes énoncés dans l’acte constitutif de l’UA, notamment le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États membres ».

Parallèlement, le Conseil a évoqué la présence de forces négatives antirwandaises dans l’est de la RDC, insistant sur la nécessité – pour Kinshasa – de les désarmer pour consolider « la paix et la stabilité régionales ».
À huis clos, le ministre soudanais des Affaires étrangères, Mustapha Osman Ismaïl, a proposé de créer des patrouilles conjointes des armées congolaise et rwandaise pour surveiller l’est du pays, mais la proposition n’a pas été retenue. En revanche, le CPS a encouragé les présidents Paul Kagamé et Joseph Kabila à se rencontrer régulièrement et à ouvrir des relations diplomatiques formelles. L’UA les a obligés à cohabiter le temps du sommet, à défaut de vraiment se parler. Étrange coïncidence : le protocole les avait placés côte à côte lors du déjeuner du 10 janvier. « C’est un pur hasard, certainement dû à l’ordre alphabétique – Kabila-Kagamé ou Rwanda-RDC », a indiqué un ministre gabonais, non sans sourire. Dans l’après-midi, alors que les chefs d’État évoquaient le conflit en RDC, les deux hommes se sont à nouveau retrouvés, cette fois avec leurs conseillers respectifs, pour trois heures de discussion.

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Il revient maintenant au président en exercice de l’UA de favoriser le dialogue entre les deux hommes. Sur ce plan, Thabo Mbeki semble toutefois mieux placé qu’Olusegun Obasanjo. Impliqué de longue date dans le règlement de la crise congolaise, le président sud-africain est également très au fait de la situation politique rwandaise. D’ailleurs, dès le 12 janvier, Thabo Mbeki, médiateur mandaté par l’UA dans la crise ivoirienne, quittait Yamoussoukro pour Kinshasa, signe qu’il se sent tout aussi concerné par la région des Grands Lacs.

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