Pauvres Blancs !

Publié le 17 janvier 2005 Lecture : 2 minutes.

Hier, quelqu’un a affirmé devant moi que les Marocains étaient racistes. J’ai baissé la tête, honteux, car la chose est indéniable. J’en ai eu la révélation très tôt, à l’école. Un jour, à la rentrée, apparut une petite fille toute blanche qui fut d’emblée en butte aux moqueries de ses condisciples :
– Belqa ! Belqa ! (« Blanche ! Blanche ! »).
La gamine faisait peine à voir. Elle s’installa au fond de la classe et se cacha derrière son cartable. Nous autres, ses tourmenteurs, nous étions bruns, noirs, bronzés, teint mat ou olivâtre, conscients de notre supériorité sur ce petit fantôme qu’on distinguait à peine à la lumière du jour. L’année scolaire lui parut interminable. J’ai eu, il y a quelques années, des nouvelles de la Belqa. Devenue adulte, elle avait émigré au Québec et s’était fondue dans la neige. Au moins, on ne la voyait plus.

Dès Tanger, le racisme antiblanc saute aux yeux. Tous les épiciers y sont noirs. Essayez donc, si vous avez la couleur de l’aspirine, de pénétrer ce milieu-là… À la terrasse des cafés, le noir et le brun dominent, c’est à peine si quelques Visages pâles osent s’asseoir, du bout des fesses, sur une chaise. Sur la plage, le Blanc est importuné, harcelé, houspillé… Fès est un ghetto où vingt mille Blancs vivent dans la peur, entourés par cinq cent mille féroces montagnards recuits par le soleil. Dans le Gharb, des tribus sahraouies, les Ouled Dlim, font la pluie et le beau temps. L’indigène blanc ose à peine respirer. À Marrakech, peuplé à 80 % de Noirs, les bleqs et les belqas sont l’objet de la risée générale. Gare à eux s’ils s’aventurent au hammam ou au souk ! Certains en sont réduits à se réfugier au bar des hôtels cinq étoiles.
Certes, il y a quelques tribus blanches au Nord, dans le Rif ; mais allez-y faire un tour : le sous-développement y est effarant ! Ces pauvres Blancs n’ont ni routes, ni verdure, ni hôpitaux. La plupart en sont réduits à prendre le chemin de l’exil. On les retrouve en Europe, où on les appelle « Noirs », d’ailleurs, car leurs cheveux ont la couleur du goudron.
Alors oui, les Marocains sont racistes. Il serait temps qu’une campagne d’information soit entreprise, dans les villes et dans les campagnes. Marocain, Marocaine, le Blanc est un être humain, comme toi !

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