L’horizon se dégage

Le port en eau profonde de Lomé renforce ses infrastructures pour répondre à l’intensification du trafic.

Publié le 17 janvier 2005 Lecture : 3 minutes.

Inutile de le nier: la crise qui, depuis 2002, affecte la Côte d’Ivoire voisine profite au port de Lomé. « Notre activité a connu une croissance sans précédent ces deux dernières années », admet le directeur commercial par intérim du Port autonome de Lomé
(PAL), Jérémie Wemegan. En 2004, le trafic s’élevait à plus de 4,6 millions de tonnes avec l’accostage de plus de 1100 navires (contre 937 trois ans plus tôt) alors qu’il culminait à 2,9 millions de tonnes en 2002. « Certes, nous avons bénéficié de la crise ivoirienne, mais nous devons aussi ce développement à notre politique commerciale
dynamique et à nos atouts géographiques », nuance le directeur.
Lomé peut se targuer d’avoir le port en eau profonde le plus important de toute la côte ouest-africaine. De 1984 à 2003, son bassin n’a pas eu besoin d’être dragué alors que celui d’Abidjan doit subir régulièrement cette opération. Le tirant d’eau maximal y étant
de 14 mètres, il peut accueillir des bateaux de grande taille et de forte capacité. Autre avantage : il se situe à mi-parcours du trajet Dakar-Luanda.
Quant aux infrastructures, elles sont correctes, même si les autorités envisagent de gagner prochainement deux postes à quai. « Pour l’heure, nous pouvons tabler sur un trafic de 7 millions de tonnes. Le port possède deux môles, six postes à quai et s’étend sur un domaine de 800 hectares. Nous prévoyons un accroissement de notre activité grâce à la reprise de la coopération avec l’Union européenne. Nous envisageons de prolonger l’un des môles de 250 mètres. Grâce au soutien de Progosa, un groupe de manutention franco-espagnol, nous projetons également de construire un quai consacré aux porte-conteneurs en plus du quai minéralier et de l’appontement pétrolier dont nous disposons déjà », explique Jérémie Wemegan.
Le PAL ne dissimule pas son ambition de devenir un hub régional, la crise ivoirienne ayant démontré qu’il constituait la meilleure alternative pour le Burkina ou le Mali, « pays avec lesquels le trafic a plus que doublé depuis 2002 ». D’autres pays enclavés,
comme le Niger, s’étaient déjà tournés vers le port de Lomé, séduits par le service « Solidarité sur la mer », mis en place en 1994. « Ce service nous permet de convoyer systématiquement jusqu’à la frontière nord du Togo, avec l’aide de la gendarmerie, de la police et de la douane, tous les camions qui chargent au PAL. Nous assurons ainsi une sécurité maximale aux transporteurs », affirme Jérémie Wemegan. Une taxe de 20000 F CFA
par camion finance le convoyage. En 2003, ce service a rapporté plus de 700 millions de F CFA au Port.
Au-delà des pays limitrophes, le site de Lomé intéresse aussi deux autres pays : le Nigeria, qui doit faire face à l’engorgement de ses propres structures ainsi qu’à la saturation du port de Cotonou, et le Tchad, important producteur de coton, qui envisage d’y faire transiter une partie de son fret pour éviter de traverser le Cameroun.
Autre nouveauté : le PAL n’est plus le seul à faire de la manutention. « Depuis 2002, des entreprises privées se sont installées et ont permis d’accélérer les cadences », se réjouit-on à Lomé. Quatre licences ont été accordées. Le groupe franco-espagnol Progosa en a obtenu deux, ce qui n’a pas manqué de susciter quelques remous. Jérémie Wemegan se défend de tout favoritisme en précisant que Progosa a hérité d’une licence de manutention
pour les conteneurs et d’une autre pour les marchandises conventionnelles. Manuport, une société de droit togolais détenue majoritairement par le groupe français Getma International, est le deuxième intervenant. Le troisième, l’opérateur ouest-africain Ecomarine, tarde visiblement à lancer ses activités.
En tout cas, cette libéralisation inquiète le personnel. Le PAL a indiqué que la privatisation des services de manutention allait lui permettre de se passer de quelque 700 employés sur les 1200 agents permanents et 3500 dockers qu’il compte Quant aux clients du PAL, ils bénéficient déjà d’une réduction des coûts de passage des marchandises
grâce au statut de port franc et n’attendent plus que la naissance d’un guichet unique promise pour 2006.

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