À l’écoute de Nana FM

Une radio destinée aux femmes fait un tabac à Lomé.

Publié le 17 janvier 2005 Lecture : 2 minutes.

Dans le studio tapissé de dessins pastel, Marie-Thérèse répond patiemment aux appels des auditeurs. Et des auditrices, car Nana FM est une antenne qui s’adresse avant tout aux femmes. D’ailleurs, il y a cinq ans, quand Peter Dogbé quitte Nostalgie pour créer sa propre station, il décide de s’installer au coeur du grand marché de Lomé, le lieu de prédilection où elles se retrouvent pour faire leurs courses, bavarder ou travailler. Bien souvent, ce sont elles qui colportent les premières informations que le reporter va ensuite vérifier.
« Mon objectif était de mettre les femmes en valeur. Ici, au Togo, ce sont elles qui se battent pour offrir à leurs enfants la meilleure éducation possible, pour subvenir aux besoins du foyer. Pourtant, personne ne s’intéresse à ce qu’elles pensent. À Nana FM, on avait envie de les écouter et de leur donner la parole », résume Peter Dogbé. « Le projet était de faire une radio associative, soutenue par les auditrices elles-mêmes », souligne-t-il. Mais la crise économique les a conduites à faire preuve de prudence. Peter, qui a lancé Nana FM avec une équipe de huit journalistes, fait donc appel à la publicité pour financer la station. « Nous ne recevons aucune subvention », précise-t-il non sans fierté. Un choix qui garantit l’indépendance de la 4e radio de Lomé en termes d’audience. Les annonces de mariage ou d’obsèques financent également en grande partie les salaires de la vingtaine d’employés que compte désormais Nana FM. Et le loyer, plus onéreux depuis que la radio a déménagé en février 2003. « La première année, ce n’était pas facile de joindre les deux bouts. Mais nous avions le soutien de nos partenaires, notamment des Nanas Benz. Aujourd’hui, je ne dois plus rien à personne. Et je viens même d’acquérir un nouvel émetteur », se réjouit Peter.
Pour faire tourner la radio, 2 millions de F CFA sont nécessaires chaque mois. D’autant qu’à Nana FM on ne lésine pas sur les conditions de travail des journalistes. Ces derniers reçoivent un salaire correct – environ 85 000 F CFA par mois -, ils sont inscrits à la Sécurité sociale et sont dotés d’un outil de travail performant. « L’atmosphère est vraiment celle d’une grande famille, concède Vicencia, reporter à Nana FM depuis quatre ans après des études de psychologie. Une famille élargie, car les auditeurs la considèrent véritablement comme leur porte-parole. »
Nana FM, qui diffuse en langue locale (mina) et en français, revendique son statut de radio communautaire de proximité. Autrement dit, les émissions sont destinées à « éduquer » la population. « On parle de santé, de sexualité, des problèmes de la vie quotidienne, comme le veuvage ou le divorce. On s’interdit les tabous », poursuit la journaliste, âgée de 28 ans. À l’exception, peut-être, des sujets politiques. Durant les deux premières années d’existence de la station, Peter Dogbé a bien essayé d’initier des débats sur ce thème. Mais il a dû arrêter. « Trop de pression, lâche-t-il. C’est vrai qu’on était en période préélectorale, et ce n’était pas le bon moment. Mais j’ai envie de tenter à nouveau l’expérience aujourd’hui. »

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