Burkina : massacres en série attribués aux groupes jihadistes
Des massacres attribués aux groupes jihadistes ont fait au moins 50 morts vendredi et samedi au Burkina Faso : une trentaine de personnes ont été tuées lors de l’attaque d’un marché dans l’Est et au moins 25 dans des attaques de deux convois dans le Nord.
Samedi, dans le marché au bétail de Kompienbiga près de Pama (Est du Burkina), des hommes armés « ont fait irruption sur des motos et ont commencé à tirer, surtout sur les gens qui tentaient de fuir » a affirmé dimanche un habitant, chiffrant le bilan à une « trentaine de morts ».
« Un groupe (d’assaillants) a procédé à des fouilles de ceux qui étaient restés sur place tandis qu’un autre groupe a poursuivi ceux qui ont fui », a-t-il poursuivi.
« C’est difficile de dire combien de personnes ont été tuées. Il y avait des corps au niveau du marché, d’autres dans la brousse. Plus d’une trentaine de corps ont été rassemblés hier », a témoigné un autre habitant, « sans nouvelles » de son frère présent au marché lors de l’attaque.
Un élu local de la province de Kompienga, parle lui de « plusieurs dizaines de morts, notamment des commerçants et des habitants de la localité ».
« Le bilan provisoire de l’attaque lâche au marché de Kompienbiga est de 25 morts et de plusieurs blessés », selon un communiqué officiel du gouvernement en fin de journée dimanche.
Une source sécuritaire a confirmé que « l’attaque a été menée sur le marché de bétail, qui se tient habituellement les samedis » par « des éléments de groupes armés terroristes venus à bord de motocyclettes ».
Attaques dans l’Est et le Nord
Le gouverneur de l’Est, le colonel Saidou Sanou, a assuré dans un communiqué que « cette énième attaque perpétrée par des ennemis du peuple vient une nouvelle fois rappeler la nécessité d’une franche collaboration entre les FDS (Forces de défense et sécurité) et les populations afin de vaincre l’hydre terroriste ».
Le même samedi, une attaque contre un convoi humanitaire a fait au moins 10 morts au nord de Barsalogho (Nord du Burkina) près de la déjà tristement célèbre localité de Foubé/Foulbé (l’appellation varie selon l’appartenance ethnique peule ou mossi), selon le communiqué du gouvernement.
« L’attaque sur l’axe Foubé-Barsalogho perpétré par des groupes armés terroristes a visé un convoi humanitaire de retour de Foubé après y avoir apporté des vivres. Le bilan provisoire est de 10 morts (5 civils, 5 gendarmes) ».
Cette zone où les attaques sont fréquentes avait été le théâtre d’importantes violences intercommunautaires avec 50 morts selon le bilan officiel, plus de 70 selon des sources peules. Après une attaque de jihadistes présumés de Yirgou-Foulbè, les villageois d’ethnie mossi (majoritaire au Burkina) en représailles s’en étaient pris à aux Peuls. Le président Roch Kaboré s’était déplacé pour apaiser la tension.
Dimanche, « les FDS, déployés sur les deux sites assurent l’évacuation des blessés et procèdent à des opérations de ratissage », d’après le communiqué.
Convois sous escorte attaqués
Ces deux attaques meurtrières surviennent après celle d’un convoi de commerçants vendredi également dans le Nord (Loroum).
« Le bilan provisoire fait de état de 15 morts, de blessés et de personnes portées disparues », selon un communiqué samedi du gouvernement, qui parle de « terroristes ».
« Les camions étaient escortés par des +koglweogo+ (membres d’un groupe d’autodéfense local) qui figurent parmi les victimes », a affirmé un habitant de Titao (nord), sous couvert de l’anonymat, précisant qu’ »au moins quatre femmes » figuraient « parmi les morts ». « Deux camions ont été incendiés », a-t-il ajouté.
En janvier, neuf commerçants avaient été assassinés et un véhicule calciné lors d’une attaque sur ce même axe.
Craignant ces fréquentes attaques dans le Nord, les transporteurs organisent des convois accompagnés par des koglweogo qu’ils paient. L’armée escorte aussi parfois ces convois.
Spirale de violences
L’Est et le Nord du Burkina Faso sont les régions les plus touchées du pays par les exactions jihadistes qui ont fait plus de 900 morts et 860.000 déplacés depuis cinq ans.
Sous-équipées et mal entraînées, les forces de l’ordre du Burkina Faso n’arrivent pas à enrayer la spirale de violences jihadistes, malgré l’aide de forces étrangères, notamment de la France, présente dans le Sahel avec 5.100 hommes dans le cadre de l’opération antijihadiste Barkhane.
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