King Mensah

Chanteur

Publié le 17 janvier 2005 Lecture : 3 minutes.

Y croyait-il lui-même ? Et pourtant, le jury des Koras Awards 2004, les trophées de la musique africaine, a eu, une fois de plus, la main heureuse pour King Mensah, le chanteur le plus rayonnant de la scène togolaise. Nominé dans la catégorie « Meilleur artiste d’inspiration traditionnelle », comme en 2000, Mensah est reparti de Johannesburg, en Afrique du Sud, avec ce trophée tant convoité par les artistes du continent. Et c’est le visage de tout un pays, le Togo, qui s’est illuminé d’émotion l’instant d’une cérémonie. Sûr que le chanteur a eu une pensée pour ses compatriotes, tant ceux-ci ne ratent jamais une occasion de lui témoigner leur affection.

Bien avant la sortie, en 1996, de son premier album Madjo, ils suivent sa participation au Festival des francophonies de Limoges et tirent vanité de ses prestations au sein du Ki-yi M’bock théâtre de Were Were Liking à Abidjan. En 1994, Mensah s’installe à Paris où sa voix croise celle de l’Ivoirien Meiway dans l’album Apollo’95. Il partage avec cet aîné une conviction : c’est en puisant dans les rythmes du terroir que la musique africaine gagnera ses lettres de noblesse. Avec Youssou Ndour et Mory Kanté en exemples, sûr d’une voix au large registre et d’une langue, le mina (prononcez « minan »), qu’il parle couramment, King Mensah se met au travail. Regrettant que son pays n’ait pas encore un courant musical propre, il entreprend avec ardeur de creuser son sillon : « Quand on parle de zouglou, on voit la Côte d’Ivoire ; quand on dit makossa, c’est le Cameroun ; et quand on parle de high life, on sait que ça vient du Ghana. Mais, au Togo comme au Bénin, il n’y a pas de rythme pour identifier le pays. »

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King Mensah n’a pas de producteur, mais les albums se suivent. Les récompenses aussi. Avec Edidodo, son deuxième, il est sacré meilleur artiste de l’année au Togo en 1999. L’année suivante, Alphadi l’invite au Festival international de la mode, à Niamey, où King Mensah sort Mensah Mensah, un album composé en hommage à sa famille. Triple lauréat aux Togo Music Awards, il termine l’année 2000 en beauté aux koras à Sun City, en Afrique du Sud.
La tournée qu’il organise en 2001 à travers le Togo et le Bénin lui permet de mesurer l’ampleur de sa notoriété. En dépit d’un environnement peu propice, absence de producteur et explosion de la piraterie, King Mensah fait paraître en août 2002 son quatrième album : Elom (« Dieu m’aime », en langue mina). À 33 ans, il exprime la foi d’un jeune homme de son temps, chez qui la modernité n’est pas incompatible avec la défense du patrimoine. L’artiste est d’autant plus conscient de la place qu’il occupe dans le coeur de ses compatriotes que ceux-ci ont gardé vivace le souvenir de leur idole Bella Bellow. Disparue précocement en décembre 1973, à 27 ans, cette pionnière de la chanson togolaise moderne est restée l’une des grandes fiertés du pays. Au cours d’une soirée en hommage à la belle, au Palais des congrès de Lomé en 1998, King Mensah a fait vibrer la salle, comme pour remercier la « grande soeur » d’avoir ouvert la voie. Aujourd’hui, il assume, à sa manière, l’héritage. Le chanteur ne se contente pas de gérer son succès grandissant, il s’investit aussi dans des activités socioculturelles. Sa maison de production soutient à Lomé de jeunes talents, tels les Princes de Kamou ou encore les danseurs traditionnels de Fafaneva. Son engagement en faveur de la lutte contre le sida s’est traduit par des concerts dont une partie des recettes était versée à des associations.

Né d’un père togolais et d’une mère béninoise, il reste attaché à cette double origine, bien que ce soit à Lomé qu’il rêve de créer un village artistique, à l’image du Ki-yi M’bock d’Abidjan. Aujourd’hui domicilié à Copenhague, au Danemark, il a séjourné aux États-Unis en 2003 pour apprendre l’anglais. Là, King Mensah s’est attaché les services d’un manager, s’ouvrant ainsi les portes des festivals, notamment au Canada où le public des Nuits d’Afrique de Montréal l’a découvert le 25 juillet 2004. En novembre, il se produit à Paris, où l’accueil se révèle tout aussi chaleureux. Preuve qu’il n’est pas près de perdre son titre de tête de file de la musique togolaise.

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