Ils sont toujours là

Publié le 17 janvier 2005 Lecture : 2 minutes.

En août dernier, les criquets pèlerins envahissaient le Sahel, endommageant gravement les cultures et les pâturages. Aujourd’hui, la situation s’est apaisée, mais l’Afrique n’est pas tirée d’affaire. L’organisation, du 11 au 13 janvier, à Dakar, d’un séminaire scientifique international sur le criquet pèlerin, réunissant, à l’invitation du président Abdoulaye Wade, les meilleurs experts dans le domaine, a le mérite de maintenir l’attention sur ce problème.
Après trois jours de discussions, le constat est simple. Tout d’abord, les connaissances scientifiques existent même si, bien sûr, la recherche en matière de technologies doit encore progresser. Par exemple, la mise en place de systèmes de détection précoce, fondés sur des données satellites, n’est pas encore au point. La création d’un « centre d’étude et de recherche en acridologie », proposé lors de la conférence, est en revanche contestée. C’est de « la poudre aux yeux », alors que les véritables problèmes sont ailleurs, estiment plusieurs scientifiques. Michel Lecoq, acridologue au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), affirme que « les connaissances comme les structures de lutte contre les criquets existent. Mais il faut les renforcer pour les rendre véritablement opérationnelles ». Tous les pays d’Afrique de l’Ouest concernés disposent en effet de « centres antiacridiens », tandis que des commissions régionales ont été créées pour coordonner les actions nationales. Il existe même une structure internationale, le Comité de lutte contre le criquet pèlerin, créée dans les années 1960 et hébergée par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), ce que plusieurs participants à la conférence ignoraient ! Mais tous ces organismes manquent de moyens et de formation.

Si l’invasion de 2004 a pris une telle ampleur, c’est d’abord en raison des conditions climatiques exceptionnelles (très favorables à la reproduction), mais également à cause de l’inertie des bailleurs de fonds qui ont tardé à envoyer l’aide nécessaire. En février, la FAO estimait que 9 millions de dollars suffisaient à lutter contre la propagation des criquets. À ce jour, la lutte a englouti plus de 150 millions de dollars. Et le danger est toujours là : les pays du Maghreb, mais aussi le sud du Sénégal, la Gambie et la Guinée-Bissau sont en proie aux insectes. D’une manière générale, la situation s’est beaucoup aggravée par rapport à l’an dernier. « Le nombre de pays infectés a augmenté, et les populations de criquets sont plus nombreuses que l’an passé », indique Michel Lecoq. Il est certains que de nouveaux essaims envahiront le Sahel à partir du mois d’avril prochain. L’ampleur du phénomène dépendra du succès des opérations de lutte, notamment au Maroc, en Algérie et en Libye. Reste une seule chose à faire pour les pays sahéliens, appuyés en ce sens par la FAO et la Banque mondiale : mettre à profit la période d’accalmie actuelle pour s’organiser et se préparer à reprendre la lutte.

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