Enveloppes

Publié le 17 janvier 2005 Lecture : 2 minutes.

Fin janvier, l’Irak entre de plain-pied dans l’ère de la démocratie puisque les élections auront lieu à la date prévue. Plusieurs inconvénients semblent contrarier cette perspective radieuse. Tous les candidats du Parti de l’entente nationale du Premier ministre Iyad Allaoui ne se sont pas encore fait connaître, sans doute pour éviter les balles ajustées ou perdues. Sur les dix-huit provinces, au moins quatre qui recoupent le fameux « triangle de la mort » seront privées de scrutin. Les observateurs internationaux qui ont pu travailler en Palestine ne s’acquitteront pas de leur mission sur le territoire irakien, mais ils pourront observer tout leur saoul depuis… Amman.
L’objectif majeur de l’instauration de la démocratie en Irak est, ne l’oublions pas, de permettre à l’armée américaine de s’éloigner de ce satané pays mortifère et, accessoirement, aux boys de retrouver leurs chères familles. De ce côté-là non plus, les nouvelles ne sont pas rassurantes. La constitution d’une armée et d’une police irakiennes n’est pas en bonne voie. Quelques chiffres : 51 700 policiers ont été engagés et formés sur les 175 000 requis. Que les vocations à cet égard se révèlent tièdes (alors que le chômage atteint 60 % de la population) n’est pas pour surprendre quand on sait que 1 300 policiers fraîchement recrutés ont été tués au cours des quatre derniers mois. S’agissant de l’armée irakienne, la situation n’est pas plus brillante : sur les 24 000 hommes dont les Américains ont impérieusement besoin, seuls 4 400 ont été enrôlés.
Une lueur d’espoir dans ce tableau plutôt sombre. Une initiative d’Iyad Allaoui, relevée par le Financial Times, permet de croire que, sinon la démocratie, la normalisation est en marche. Après un meeting électoral, le 8 janvier, à Bagdad, les journalistes présents ont été invités dans un bureau. Un collaborateur du Premier ministre a tenu à leur offrir un cadeau. Geste délicat de fin d’année ? Du tout. Une enveloppe fermée. À l’intérieur : un billet de 100 dollars. La majorité des journalistes est arabe et ne devait nullement être surprise : la pratique est courante dans la région. La somme n’est pas dérisoire : elle représente la moitié du salaire mensuel d’un honnête journaliste. Les destinataires n’ont pas tous refusé le cadeau. Un vétéran a rappelé qu’on avait droit à ces largesses au temps de Saddam, mais qu’elles avaient cessé après la guerre. Il suffisait d’attendre. Après la nuit, le jour. Le bon vieux temps est de retour.

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