Entre l’Afrique et Downing Street

Publié le 17 janvier 2005 Lecture : 2 minutes.

Avec l’enthousiasme des convertis, le chancelier de l’Échiquier, Gordon Brown, est parti prêcher, le 12 janvier, en faveur d’un « nouveau plan Marshall » pour aider les pays africains qui vivent « l’équivalent d’un tsunami, mais provoqué par l’homme, que l’on pourrait prévenir chaque semaine ». En visite au Kenya, en Tanzanie, au Mozambique et en Afrique du Sud, le ministre britannique de l’Économie – rival et possible successeur de Tony Blair – propose de porter à 100 milliards de dollars l’aide publique au développement et milite en faveur de l’annulation des 80 milliards de dette des pays les plus pauvres auprès des institutions financières internationales.

À Dar es-Salaam, Gordon Brown a d’ores et déjà annoncé que Londres effacerait, en plus de son aide, 10 % des sommes dues par la Tanzanie (soit 565 millions d’euros) à la Banque mondiale, comme il s’est engagé à le faire dans une trentaine de pays. Ce n’est pas tout. Londres, qui compte profiter de la présidence du G8 qu’il assume depuis début janvier pour mettre l’accent sur les problèmes de l’Afrique via sa Commission for Africa (www.commissionforafrica. org), envisage de créer une « facilité de financement internationale » (IFF) permettant de garantir une aide stable sur la durée. Comme à l’accoutumée, les objectifs principaux sont d’améliorer l’éducation et la santé, d’accroître la productivité de la terre, de favoriser l’égalité des chances, de consolider les infrastructures, etc. Avec ces inséparables conditions que sont la lutte contre la corruption, la bonne gouvernance, la transparence…

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Nul doute que les peuples des pays concernés accueilleront favorablement la tournée du chancelier de l’Échiquier. Mais il est une autre personne que ce temporaire éloignement a tout lieu de réjouir : le Premier ministre Tony Blair, qui pourrait en profiter pour reprendre les rênes d’un Parti travailliste divisé. La publication du livre du journaliste du Sunday Telegraph Robert Peston, La Grande-Bretagne de Brown, a en effet aggravé la lutte fratricide entre brownistes et blairistes (voir J.A.I. n° 2294-2295). Même si les deux hommes font mine de présenter un front uni, tous les Britanniques savent que Brown lorgne le 10, Downing Street. Un poste que Blair lui aurait promis à plusieurs reprises, sans jamais respecter sa parole. Au point que Brown aurait fini par lâcher, courroucé : « Je ne croirai plus jamais rien de ce que vous pourrez me dire. »
Si les conservateurs tentent de profiter de l’aubaine pour se refaire une santé, le Parti travailliste devrait néanmoins être en tête du prochain scrutin avec 23 % des voix (contre 18 % aux conservateurs et 12 % aux libéraux), si l’on en croit un récent sondage du quotidien The Independent. Mais avec Gordon Brown à sa tête, le Parti travailliste rallierait… 31 % des électeurs.

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