Des émirs plus sanguinaires les uns que les autres

Publié le 17 janvier 2005 Lecture : 3 minutes.

Le nihilisme sanguinaire des GIA s’explique par la personnalité de ceux qui en ont assuré la direction. Les neuf émirs que se sont succédé à leur tête, à l’exception de Mourad Si Ahmed, alias Djaafar el-Afghani, sont tous des illettrés, dépourvus de toute connaissance théologique. Le plus souvent, ils sont issus du milieu de la pègre. La longévité d’un émir a été de dix-huit mois en moyenne et la plupart des successions ont donné lieu à de violents affrontements.

Mansouri Miliani. Fondateur des GIA, il est né dans l’Algérois et accomplit ses premières armes au sein du MIA (Mouvement islamique algérien) de Mustapha Bouyali entre 1982 et 1987. Arrêté en septembre 1992, il est condamné à mort en avril 1993. Exécuté quelques semaines plus tard, il est, à ce jour, le dernier Algérien à avoir subi la peine capitale.
Mohamed Allel. Alias Moh Leveilley, du nom de son quartier à la périphérie d’Alger. Petit truand sans grande envergure, il se fait un nom en organisant, en février 1992, la première embuscade contre une patrouille de police dans la wilaya de Boumerdès. Il succède à Mansouri Miliani après son arrestation. À son actif, la structuration des premières cellules des GIA.
Abdelhak Layada. Ce tôlier originaire de Baraki, banlieue miséreuse de la capitale, a succédé par défaut à Moh Leveilley. Il est arrêté en 1993 au Maroc, où il est parti acheter des armes. Khaled Nezzar, homme fort de l’armée à l’époque, racontera plus tard comment le souverain marocain avait tergiversé avant de l’extrader en 1995. Condamné à mort, il est détenu à la prison algéroise de Serkadji. Seul émir survivant, il est devenu un champion de la réconciliation nationale et espère bénéficier de l’amnistie générale que projette de promulguer le président Abdelaziz Bouteflika.
Mourad Si Ahmed, alias Djaafar el-Afghani. Le seul vétéran d’Afghanistan à être parvenu à la tête des GIA. Son « magistère » est marqué par l’organisation du mouvement sur le plan militaire avec l’élaboration d’un organigramme régional. Il est abattu par les forces de sécurité en février 1993, à Bouzaréah, sur les hauteurs d’Alger, avec neuf éléments de sa garde rapprochée.
Cherif Gousmi. Sans doute le plus politique de tous. Son règne se situe entre février 1993 et juillet 1994. Il met en place le premier (et dernier) gouvernement des GIA. Il s’autoproclame calife, désigne Djamel Zitouni, son ami d’enfance et fidèle lieutenant, ministre de la Guerre et offre plusieurs maroquins à des dignitaires du FIS dans la clandestinité, tels Mohamed Saïd et Abderrezak Redjam, ex-directeur de cabinet d’Abassi Madani. Les premiers assassinats de journalistes et d’étrangers sont ses principaux faits d’armes.
Djamel Zitouni. Connu pour sa brutalité, il assoit son autorité (de juillet 1994 à juillet 1996) en assassinant tous ceux qui peuvent mettre en danger son pouvoir. À commencer par ses anciens collègues du « gouvernement » des GIA. À son actif, le détournement de l’Airbus d’Air France en décembre 1994 et l’assassinat des sept moines de Tibéhirine quelques mois avant d’être abattu en 1996. C’est également sous ses ordres que des attentats sont organisés, en 1995, en France.
Antar Zouabri. Le plus sanguinaire de tous. C’est lui qui ordonne les massacres collectifs qui ont écoeuré jusqu’à son entourage. Petit délinquant de Boufarik, il doit sa nomination à son long compagnonnage avec Djamel Zitouni. Il détient le record de longévité des émirs (juillet 1996-février 2002).
Rachid Oukali, alias Abou Tourab. Il doit lui aussi son intronisation à son parcours au côté de son prédécesseur. Son règne fut bref (mars 2002-juillet 2004) et, faute de combattants, moins meurtrier que ses prédécesseurs. Cependant, son CV est effrayant. À la tête de la Katiba Khadra (« brigade verte »), Abou Tourab a commandité des milliers de meurtres, organisé des centaines de faux barrages et organisé des dizaines d’expéditions punitives contre les repentis. Son champ d’action était limité à la plaine du Cheliff et aux hauteurs de l’Ouarsenis, au centre-ouest du pays.
Nouredine Boudiafi, alias Hakim RPG. Présenté par le ministère de l’Intérieur comme l’ultime émir des GIA, il a été abattu le 1er décembre 2004 à Chlef.

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