« Che » Guevara en Afrique

Publié le 17 janvier 2005 Lecture : 2 minutes.

Si le numéro deux du régime cubain, « Che » Guevara, est venu en Afrique (après l’Algérie, il a visité le Mali et se rendra ensuite en Guinée et au Congo-Brazzaville), c’est pour une raison précise : à New York, lors du grand débat sur l’affaire du Congo, il a acquis la certitude que plusieurs États africains s’étaient engagés sans retour dans la voie d’une action directe contre le régime proaméricain de Léopoldville. […]
« Che » Guevara estime que l’attitude de ces pays revêt une signification qui dépasse de beaucoup l’affaire congolaise. Cuba ne sera plus seule à penser qu’il faut aider autrement que par de bonnes paroles les luttes révolutionnaires. Il résume ainsi la doctrine cubaine : « Il ne s’agit pas d’exporter la révolution, mais de soutenir pratiquement les mouvements révolutionnaires qui ont effectivement l’appui des peuples. » Il est trop réaliste pour prétendre qu’on assiste au Congo à une véritable révolution, mais il faut constater que la volonté de certains peuples africains de mettre un terme à la corruption, à la domination étrangère, aux formes les plus aiguës du néocolonialisme, les conduit objectivement à entreprendre des actions révolutionnaires. C’est en ce sens qu’il existe, virtuellement, une certaine unité d’action entre Cuba et plusieurs États africains. […]
Ce qui frappe aujourd’hui dans ces propos, c’est qu’ils rendent le même son que ceux d’un Modibo Keita, d’un Sékou Touré, d’un Ben Bella et même d’un Nyerere. Guevara répondait ainsi à une question sur les comparaisons à faire entre l’OUA et l’Organisation des pays d’Amérique latine : « Plus jeune mais plus dynamique, moins expérimentée mais plus militante, l’OUA s’est mieux comportée. […] Au bout de deux ans, vous autres, Africains, avez trouvé vingt pays pour condamner l’agression de Stanleyville, alors que seul le Mexique s’est opposé à Washington. Cela suffit à montrer que l’Afrique renferme beaucoup plus de ferments révolutionnaires qu’on ne le croyait. C’est pourquoi on va sans doute chercher à la balkaniser le plus possible : c’est vis-à-vis de ce risque qu’elle doit garder toute sa vigilance ».

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