Carrefour sous-régional

Le coton et les phosphates constituent les principales ressources d’un pays qui s’efforce de diversifier ses activités en misant sur le trafic portuaire et les zones franches.

Publié le 17 janvier 2005 Lecture : 4 minutes.

Que serait le Togo sans agriculture ? Respectant une tendance lourde de l’économie du pays, le secteur primaire, qui emploie toujours les deux tiers de la population active, a contribué à hauteur de 43 % au PIB en 2003. En volume, les cultures vivrières destinées au marché intérieur, comme l’igname, le manioc, le maïs et le mil, tiennent largement la tête, mais le coton et le cacao représentent près de 28 % des recettes d’exportation, estime la Direction nationale de la statistique. De ce fait, la conjoncture togolaise reste largement dépendante du secteur primaire et, par voie de conséquence, des aléas climatiques ainsi que des cours mondiaux des matières premières. L’exemple du coton illustre cette situation. Les résultats décevants de la campagne 2003 – avec une baisse de la production de 14,3 % et un net fléchissement des rendements conjugués à la chute des prix observée depuis une dizaine d’années – ont tiré vers le bas l’économie nationale, qui n’a connu qu’une croissance de 2 % en 2003, contre 4,3 % l’année précédente. Idem pour les cultures vivrières. Un déficit de pluie, une saison sèche trop longue, et c’est toute l’économie du pays qui s’en ressent. Les céréales représentaient encore plus de 7 % des importations du pays au premier semestre 2004.
Pour diversifier les sources de revenus, les autorités s’emploient depuis plusieurs années à faire du Togo une plaque tournante de la sous-région. Le principal bénéficiaire de cette stratégie est le Port autonome de Lomé (PAL) (voir pages 64-65), dont le trafic s’est accru de 15 % en 2003, après avoir fait un bond de 46 % l’année précédente. Dans le même temps, les zones franches situées dans l’enceinte même du port et non loin de l’aéroport ont connu depuis deux ans un essor sans précédent. Attirées principalement par l’exonération d’impôts durant les dix premières années d’activité, une soixantaine d’entreprises employant 10 000 personnes se sont déjà installées, selon la Société d’administration des zones franches (Sazof). D’autres s’apprêtent à le faire. La plupart d’entre elles viennent de Côte d’Ivoire. Leurs activités vont de la transformation de produits agricoles à l’assemblage de mobylettes, en passant par la production de ciment et la fabrication de produits de beauté, de médicaments ou de prothèses dentaires. Ces activités profitent au secteur du transport, qui s’est fortement développé ces dernières années. Le transit vers les autres pays de la sous-région représente plus de 20 % de l’activité portuaire et les transports contribuent à hauteur de 6 % au PIB national. À noter aussi l’augmentation sensible des réexportations, passées de 33,5 milliards de F CFA en 2000 à 84,5 milliards en 2003 (soit de 51 millions à 128 millions d’euros). La croissance de ces opérations de transit est particulièrement importante avec les pays frontaliers, dont le Burkina et le Ghana.
Autre activité majeure dans l’économie togolaise : la production des phosphates, dont le volume a atteint 1,47 million de tonnes en 2003. Après plusieurs années de stagnation, ce secteur a bénéficié d’investissements qui ont finalement permis de procéder au renouvellement de l’appareil productif et d’accroître les capacités d’extraction. La gestion de l’Office togolais des phosphates (OTP) a été privatisée en septembre 2001 et confiée à International Fertilizers Group (IFG), société d’économie mixte au capital de 12 millions de dollars, détenue à parts égales par l’État et le groupe tunisien Brifco. Cette restructuration du secteur est d’autant plus encourageante que la qualité des phosphates togolais, très riches en matière fertilisante, permet de valoriser toute la filière avec l’émergence d’autres activités de transformation.
Le coton et les phosphates représentent les deux premiers postes d’exportations, fournissant les trois quarts des recettes du pays. Mais d’autres produits comme le cacao, le ciment, le fer ou le sel trouvent des débouchés au-delà des frontières. En 2004, le montant total des exportations a atteint 407 milliards de F CFA, ce qui n’empêche pas le Togo d’afficher un déficit commercial de près de 134 milliards. En fait, le pays paie très cher sa dépendance énergétique, la facture de ses importations de produits pétroliers atteignant, peu ou prou, le même montant. Environ 80 % des besoins énergétiques sont couverts par le Ghana et la Côte d’Ivoire. Viennent ensuite les importations de matériaux de construction et de céréales, notamment. Par ailleurs, le développement des industries de transformation a dopé les arrivées de biens d’équipement, en augmentation de 60 % en 2003.
Outre le déficit commercial, l’autre défi pour les autorités togolaises concerne l’équilibre des finances publiques dans un contexte très défavorable pour les caisses de l’État, du fait de la suspension de l’aide internationale. Et du fardeau de la dette. La marge de manoeuvre du gouvernement est très réduite, et les dépenses publiques sont en grande partie absorbées par le paiement des salaires des fonctionnaires et le remboursement des intérêts de la dette. Cette situation réduit considérablement les possibilités de mener des programmes d’aide auprès des populations, alors que le Togo est classé 143e sur 177 au palmarès du développement humain publié par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). En mars 2004, selon la direction de l’Économie nationale, la dette publique togolaise s’élevait à 1 109,4 milliards de F CFA, soit plus de 100 % du PIB. Ce chiffre suffit à comprendre l’urgence pour Lomé de renouer avec l’ensemble des bailleurs de fonds, afin de relancer les investissements sociaux, de stimuler l’économie du pays et, bien sûr, de négocier un réaménagement de la dette.

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