Abdel Rahim Hussein

Ministre soudanais de l’Intérieur

Publié le 17 janvier 2005 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique/l’intelligent : L’accord de paix signé le 9 janvier à Nairobi prévoit une période intérimaire de six ans, puis un référendum au Sud. Cet accord réussira-t-il à maintenir l’unité du Soudan ?
Abdel Rahim Hussein : Certainement, mais ce ne sera pas facile : il faudra convaincre les frères du Sud. Pour cela, il faudra favoriser le développement, mais avant tout rétablir la confiance. Le fait qu’avec 13 % de la population totale le Sud détienne 28 % du pouvoir dans les nouvelles institutions y contribuera.
J.A.I. : Que faudrait-il faire encore pour faciliter le succès de l’accord ?
A.R.H. : S’atteler à la reconstruction de ce qui a été détruit par la guerre. C’est essentiel.
J.A.I. : Comptez-vous sur la contribution internationale pour reconstruire le pays ?
A.R.H. : Les États-Unis et l’Europe ont promis de participer à cet effort. Mais l’expérience montre que les promesses des Américains ont besoin d’être confirmées. Nous espérons qu’ils tiendront parole et faciliteront notre coopération avec les institutions financières internationales afin que la reconstruction commence.
J.A.I. : L’état d’urgence va-t-il être levé ?
A.R.H. : Oui, il le sera en mars ou en avril prochains, et les partis d’opposition seront associés à la rédaction de la Constitution provisoire.
J.A.I. : Quels sont les effets de l’accord de paix sur les libertés politiques au Soudan ?
A.R.H. : L’accord de paix stipule la liberté de constituer des partis. Actuellement, toute formation politique est libre d’exercer ses activités à condition de rejeter l’usage de la violence. Les exilés sont rentrés… Le pays compte déjà plus de vingt partis ; après révision des lois, ceux qui ne sont pas enregistrés pourront être reconnus.
J.A.I. : Et les prisonniers politiques ? Y en a-t-il ?
A.R.H. : Je ne peux pas dire qu’il y a des prisonniers politiques : il y a seulement des éléments politiques qui ont participé à des tentatives de coup d’État et de destruction, ou qui ont pris part à la rébellion du Darfour. La plupart d’entre eux appartiennent au Congrès populaire de Hassan al-Tourabi.
J.A.I. : Quelle décision sera prise à leur égard ?
A.R.H. : Ce sera examiné en son temps.
J.A.I. : L’accord de paix aura-t-il des effets sur la liberté de la presse ?
A.R.H. : Celle-ci existe, mais on assistera à plus de liberté.
J.A.I. : Au Darfour, quels sont les obstacles à la conclusion d’un accord de paix ?
A.R.H. : Les rebelles continuent de violer le cessez-le-feu conclu à la conférence d’Abuja et refusent de délimiter leurs positions pour en faciliter le contrôle. Certaines puissances étrangères ne cessent d’inciter leurs dirigeants à l’intransigeance. Certaines ONG utilisent la misère du Darfour pour faire du business et dissuadent les personnes déplacées de retourner dans leurs villages. Que ces obstacles soient levés, et nous aboutirions à un règlement en une semaine, par l’organisation d’une conférence nationale qui regrouperait toutes les populations du Darfour.

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