Un Coran pour tous

Les éditions du Jaguar rééditent en poche l’une des meilleures interprétations du Livre sacré.

Publié le 16 octobre 2006 Lecture : 2 minutes.

Quelque vingt ans après la publication de « leur » luxueux Coran bilingue, les éditions du Jaguar en proposent aujourd’hui une nouvelle version dans une formule plus économique. Les traductions en français du Livre saint sont désormais nombreuses (une vingtaine, semble-t-il). Parmi les plus diffusées figurent celles de Muhammad Hamidullah, mu-sulman indien établi en France, et de Si Hamza Boubakeur, père de l’actuel recteur de la Mosquée de Paris. Des orientalistes français comme Régis Blachère, Denise Masson ou Jacques Berque s’y sont essayés. Des traducteurs arabes aussi, et notamment le Tunisien Sadok Mazigh, dont le minutieux travail, d’abord publié à Tunis en 1980, a été considérablement aménagé pour donner naissance au magnifique livre édité en 1985 par les éditions du Jaguar.
On sait que le Coran est la parole de Dieu transmise à Mohammed par l’archange Gabriel, pendant une vingtaine d’années, de 610 jusqu’à la mort du Prophète, en 632. Le texte fut consigné par écrit quelques années plus tard. La composition du livre n’obéit à aucun modèle connu. Il est divisé en 114 sourates classées, non en fonction de la date de leur transmission à Mohammed, mais – à l’exception de première, la Fatiha selon leur taille : des plus longues aux plus courtes.
Traduire un tel ouvrage n’est pas chose aisée. Comme l’explique la préface du livre publié par les éditions du Jaguar, en arabe, « chaque mot, chaque rapport d’un terme à un autre, chaque tournure de phrase recèle une richesse de sens et une profondeur qu’il est impossible de restituer dans les langues occidentales actuelles, à moins d’adjoindre à la traduction d’abondants commentaires ».
Sadok Mazigh a tenté de rester le plus près possible du texte tout en respectant la beauté du style et la clarté du sens. Pour les spécialistes, son « interprétation » – le terme est utilisé dans le sous-titre du livre – est l’une des meilleures qui soit. Chaque sourate est accompagnée d’une note qui précise le contexte dans laquelle elle a été révélée et explicite certaines formulations. Dans la sourate II La vache »), par exemple, on lit : « Voici le Livre par excellence,/sans nul doute,/direction pour ceux qui craignent Dieu,/Qui croient au monde invisible [] ». Le traducteur nous explique ce qu’est ce monde invisible, qu’il aurait pu traduire aussi par « mystère du monde » : il s’agit de ce qui n’est pas accessible aux sens et qui est du domaine de la foi (l’Au-Delà, le Jugement dernier, l’Enfer, le Paradis, les Anges).
Ce qui rend cette édition bilingue d’autant plus intéressante, c’est le choix d’un arabe « voyellé ». Dans l’alphabet de cette langue, en effet, les lettres sont toutes des consonnes. Pour le débutant, seules les marques des voyelles (qui prennent la forme d’accents) permettent d’en connaître le son.
Pour ces raisons, mais aussi pour sa présentation alliant élégance et sobriété, ce livre devrait être particulièrement apprécié par les lecteurs arabisants.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires