Qui a tué le raïs ?
![](/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,height=810,fit=cover/medias/default.png)
Traduit le 11 octobre devant un tribunal militaire du Caire, Talaat el-Sadate (52 ans), le neveu de l’ancien chef de l’État égyptien, risque une peine de trois ans de prison ferme pour « propagation de fausses nouvelles et offense aux forces armées ».
Élu en novembre 2005 à l’Assemblée du peuple (Parlement), il avait, une semaine auparavant, accusé la haute hiérarchie militaire d’être impliquée dans l’assassinat de son oncle, le 6 octobre 1981, par de jeunes officiers membres du Djihad islamique. « Le raïs a bel et bien été exécuté, avait-il déclaré sur la chaîne de télévision Orbit. C’était un coup ?d’État ourdi par ses plus proches collaborateurs », les islamistes n’étant que des « exécutants ».
Avocat à la Cour de cassation et leader d’Al-Ahrar, une petite formation libérale, Talaat el-Sadate reproche au régime d’Hosni Moubarak d’avoir bâclé l’enquête et le procès des meurtriers de son oncle. « Pourquoi, à l’époque, n’a-t-on jamais interrogé le ministre de la Défense [le général Abdelhamid Abou Ghazala] et le vice-président [Moubarak lui-même] ? » tempête-t-il. Le turbulent député exige l’ouverture d’une enquête parlementaire, faute de quoi il envisage de porter le dossier devant le Conseil de sécurité de l’ONU, dans l’espoir que celui-ci diligentera une enquête internationale, comme pour l’assassinat de Rafic Hariri, l’ancien Premier ministre libanais.
La réaction des autorités a été brutale. Le 5 octobre, à la demande d’Ahmed Fathi Sourour, le procureur général des forces armées, l’immunité parlementaire de Talaat el-Sadate a été levée. Et son inculpation prononcée dès le lendemain. Si le sérail politique est apparemment en émoi, l’affaire, en dépit d’une forte médiatisation, ne passionne guère l’opinion. « Rares sont aujourd’hui les Égyptiens qui regrettent Sadate. Et son neveu n’est pas plus populaire », explique-t-on au Caire.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- L’État algérien accélère la cadence pour récupérer les biens mal acquis
- Pour la première fois, Mahamadou Issoufou condamne le coup d’État du général Tiani
- Amnesty International demande l’arrêt des expulsions forcées à Abidjan
- Au Niger, Abdourahamane Tiani et la stratégie assumée de l’« anti-France »
- M23 en RDC : cinq questions pour comprendre pourquoi le conflit s’enlise