Banquiers centraux : Abbas Tolli peut-il sauver la Cemac ?
Même s’il a tardé à réagir, le gouverneur de la BEAC multiplie les initiatives face aux conséquences économiques du Covid-19.
Finance – Les sentinelles du Trésor des Africains
De Rabat à Dakar, portraits de gouverneurs de banques centrales, garants des monnaies nationales par temps de crise.
La Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) se serait bien passée d’une nouvelle polémique sur le risque de dévaluation du franc CFA. À la différence que la « bourde » est cette fois venue de l’intérieur, mettant les médias de la région en ébullition. S’inquiétant d’une « propagation rapide et de grande ampleur de la crise du Covid-19 », le dernier rapport sur la politique monétaire mentionne clairement – un passage ayant échappé à la vigilance des relecteurs de la banque centrale – que « la Beac serait de nouveau soumise aux mêmes risques sur la parité de sa monnaie qu’en fin 2016 », en l’absence d’une cure d’austérité des États membres et de nouveaux financements extérieurs.
Abbas Mahamat Tolli a tenté d’éteindre l’incendie, le 12 mai, en insistant sur la consistance des réserves de change qui représentent cinq mois d’importation. Mais le communiqué a surtout mis sa conception du métier en évidence. « Un banquier central dans un régime de change fixe doit, selon lui, avant tout veiller à la stabilité extérieure de la monnaie. Ainsi, le niveau des réserves et le taux de couverture extérieure de la monnaie sont les indicateurs qu’il surveille quasi quotidiennement, au point d’en faire une obsession », glisse-t-on dans son entourage.
Retard à l’allumage
Même s’il est lui reproché un certain retard à l’allumage dans la réponse à la catastrophe de Covid-19, donnant l’impression que la réaction était d’abord budgétaire, le Tchadien s’est repris avec volontarisme. La baisse du taux directeur est intervenue le 27 mars, ainsi que la décision d’injecter de la liquidité en doublant son volume pour atteindre 500 milliards de F CFA (762 millions d’euros) – avec possibilité d’aller jusqu’à 1000 milliards de F CFA. La Beac est, du reste, disposée à prendre des « mesures complémentaires » si la nécessité s’impose.
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