« Pour Chirac, Gbagbo n’est pas un chef d’État »

Publié le 16 octobre 2006 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Le divorce est-il consommé entre la présidence ivoirienne et le gouvernement français ?
Désiré Tagro : Je ne peux pas dire cela. Je ne veux pas le dire et je ne veux même pas le penser. La Côte d’Ivoire a des relations privilégiées avec la France pour des raisons historiques et économiques. Tout ce que nous voulons, ce sont des rapports normaux entre États souverains. Nous souhaitons que le président Chirac considère son homologue ivoirien comme le chef d’un État souverain. Or ce n’est pas le cas. Quand il envoie Madame Girardin, sa ministre de la Coopération, à Abidjan, celle-ci rencontre Guillaume Soro, Alassane Ouattara, Konan Bédié et Konan Banny, puis elle repart.
Brigitte Girardin dit que si le président Gbagbo souhaite la rencontrer, elle est à sa disposition
Le problème, c’est qu’elle dit qu’il faut que le président émette le souhait de la rencontrer. Or ce n’est pas au président Gbagbo de solliciter une audience.
Les deux présidents ne se sont pas parlé depuis deux ans. Ne manque-t-il pas ce minimum de confiance, qui est nécessaire pour casser la glace ?
Pour casser la glace, il faut d’abord la volonté de le faire. Quand le président Chirac reçoit le Premier ministre Charles Konan Banny au sommet francophone de Bucarest et lui fait des louanges, alors que le représentant mandaté par le président Gbagbo assiste à cette conférence, nous disons qu’il y a un problème. Peut-être faudrait-il recourir à un facilitateur.
Croyez-vous les autorités françaises quand elles déclarent qu’elles n’ont aucune préférence entre les candidats et qu’elles ne demandent que des élections transparentes fondées sur des listes fiables ?
Je ne suis pas sûr que monsieur Chirac ne veuille pas le départ de monsieur Gbagbo. Mais ce que nous voulons avant tout, c’est le respect de notre souveraineté. Nous aussi, nous voulons des élections propres, transparentes et régulières. Mais en vertu de quoi les Français se croient-ils permis de l’exiger ? Pourquoi ne demandent-ils pas la même chose en Allemagne ou en Italie ?
Souhaitez-vous le départ de l’armée française ?
Quand nous apprécierons que le moment est venu, nous le demanderons clairement. Mais nous n’avons encore rien demandé.
Pourtant, le FPI de Gbagbo réclame ouvertement ce départ
Un parti, c’est une chose. L’État en une autre. Est-ce que tout ce qui sort de la bouche de monsieur Sarkozy est traduit en actes par monsieur Chirac ?
Dans un an, Chirac ne sera sans doute plus aux affaires, alors que Gbagbo y sera sans doute encore. Y aura-t-il un gagnant et un perdant ?
Nous ne souhaitons ni le départ, ni le maintien de monsieur Chirac. Nous ne faisons pas d’ingérence et nous demandons aux Français de faire pareil.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires