Mali : la croisade antisystème de Mahmoud Dicko

Ce vendredi 5 juin, l’imam Mahmoud Dicko avait appelé à manifester contre la mauvaise gouvernance aux côtés de plusieurs partis d’opposition. Portrait d’un homme qui, en quelques mois, est devenu la principale figure de la contestation au Mali.

L’imam malien Mahmoud Dicko lors du lancement de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants (CMAS), le 7 septembre 2019 à Bamako. © MICHELE CATTANI / AFP

L’imam malien Mahmoud Dicko lors du lancement de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants (CMAS), le 7 septembre 2019 à Bamako. © MICHELE CATTANI / AFP

Aïssatou Diallo.

Publié le 5 juin 2020 Lecture : 6 minutes.

Il est midi ce dimanche, et les rayons du soleil répandent une chaleur insoutenable en cette fin de février. Mahmoud Dicko raccompagne un visiteur à la porte de son domicile bamakois. Costume impeccable et sourire aux lèvres, l’opposant guinéen Cellou Dalein Diallo lui serre la main puis s’installe à bord d’une berline noire et disparaît dans un nuage de poussière. Mahmoud Dicko regagne l’un des salons climatisés de sa villa, où patientent les visiteurs. Pieds nus, vêtu d’un simple boubou, l’imam à la barbe grisonnante prend le temps d’écouter.

Sorties virulentes

Depuis qu’il a quitté la tête du Haut Conseil islamique du Mali (HCIM), en avril 2019, Mahmoud Dicko ne chôme pas. « J’officie dans ma mosquée, je lis et je reçois des visiteurs chaque jour », confie-t-il. Ce que ne dit pas ce religieux, qui fait partie de ceux qui ont obtenu la démission du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, en avril 2019, et qui a, en août suivant, créé une structure destinée à entretenir son influence (Coordination des mouvements, associations et sympathisants, CMAS), c’est qu’il est devenu la figure principale de contestation dans le pays. Ses meetings rassemblent des milliers de personnes, et ses sorties virulentes font trembler le pouvoir.

Désormais libéré de toute fonction officielle, il dénonce la corruption et la gestion de la crise sécuritaire au Mali. Le 29 février, lors d’un meeting enflammé au Palais de la culture de Bamako, il avait invité ses compatriotes à « prendre leur destin en main » et à manifester le 6 mars. Si cette déclaration lui a valu une convocation chez le procureur, la mobilisation de ses partisans, qui ont encerclé le tribunal, a conduit à un report sine die de son audition, et Tiébilé Dramé, le ministre des Affaires étrangères, a été immédiatement dépêché à son domicile afin d’apaiser les tensions.

Coup d’éclat

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