Coma pensant

Quand une jeune femme plongée dans un état végétatif donne des signes d’activité cérébrale.

Publié le 16 octobre 2006 Lecture : 2 minutes.

Victime en 2005 d’un accident de la route, une jeune Britannique de 23 ans souffrant d’un grave traumatisme crânien a été capable de s’imaginer jouant au tennis et parcourant sa maison, pièce par pièce. La parole bloquée, ne réagissant pas aux stimuli, elle donnait pourtant tous les signes cliniques d’un état végétatif.
L’expérience a été menée à l’université de Cambridge, en Grande-Bretagne, par une équipe belgo-britannique dirigée par Adrian Owen et qui en a rendu compte dans la revue Science. Le cerveau de la jeune femme a été exploré par un appareil d’imagerie par résonance magnétique.
« Cette patiente, explique Owen, a gardé la capacité de comprendre des incitations verbales et d’y répondre par une activité cérébrale plutôt que par des paroles ou par des gestes. Sa décision de collaborer avec nous en imaginant des activités précises est manifestement un acte intentionnel qui confirme sans le moindre doute qu’elle était consciente d’elle-même et de son entourage. »
Pour la visite de la maison et la partie de tennis, les images du cerveau qui ont été enregistrées étaient semblables à celles produites par les douze sujets normaux à qui l’on avait demandé de faire de même. « Il était impossible de les distinguer les unes des autres », indique Owen. Une telle technique pourrait servir à évaluer les patients « non communicatifs », qu’ils soient en état végétatif ou en état de conscience minimale. « Mais, souligne Owen, il faudrait être extrêmement prudent dans l’interprétation des résultats négatifs. L’absence de réponse ne signifierait pas nécessairement l’absence de conscience. Par exemple, elle pourrait être due à un mauvais fonctionnement du système auditif. » « Il est important de ne pas donner de faux espoirs, indique Steven Laureys, de l’université de Liège. Depuis dix ans, nous avons examiné soixante patients en état végétatif. C’est la première fois que nous décelons ce type d’activité cérébrale. »
Les médecins ont pris soin d’ajouter à leur communication une note où ils rappellent l’affaire Terri Schiavo, la jeune Américaine de Floride pour laquelle le président George W. Bush avait tenté de faire voter une loi spéciale. Elle était depuis quinze ans dans le coma. Certains membres de sa famille voulaient faire débrancher les tubes qui la maintenaient en vie et d’autres pas. Les partisans de « l’euthanasie » l’ont emporté. Mais le traumatisme dont elle avait souffert était beaucoup plus grave que celui de la jeune Britannique.
Au vu de l’examen clinique, les médecins donnaient à celle-ci une chance sur cinq de se remettre. Elle avait d’ailleurs montré d’autres signes de conscience partielle : elle suivait des yeux, par exemple, un petit miroir où elle pouvait reconnaître son reflet, mais pas celui se reflétait un autre visage. De même, son cerveau réagissait lorsque les chercheurs lui faisaient entendre des phrases qui avaient un sens, mais pas lorsqu’elles n’en avaient aucun. Si fascinante que soit l’expérience, il est encore impossible de dire si ce cas de coma pensant restera ou non unique.

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